07 JUIN 2017

aden - Philippe Piazzo: Clément

"C'est une histoire d'amour – entre un garçon de 13 ans et une femme qui en a 30. Mais, comme on dit, la fin d'une histoire d'amour intense laisse des cicatrices. Clément est justement un film qui va fouiller cette chair. Chaque scène est une épreuve, douce ou violente, du corps (qui ensuite, seulement, déstabilise l'âme). Scènes d'amour être dans l'autre. Scène de jeux –sport, batailles de polochons et arrosage forcé : être contre l'autre, au propre et au figuré. Scènes de danse : être dans la séduction de l'autre. Clément détaille le parcours sensoriel qui mène de la crainte à l'attirance, de la joie à la souffrance et de la fusion à la dislocation. Dans les conversations, aussi, l'étonnement des personnages porte sur les métamorphoses du corps. Peurs et éblouissements adolescents – et les règles ? et cette petite marque blanche sur ta peau ? ; incompréhensions d'adultes. Un film de corps qui s'at­tirent, s'abîment, muent et se déchi­rent. Qui va dans les plaies, décolle les peaux psychologiques pour atta­quer directement le nerf et qui observe les flux d'amour et d'échanges entre les deux person­nages : l'un qui mûrit, l'autre qui régresse. Sans que cela réduise la relation à une question d'âge. Comme dans un couple ordinaire, l'un a l'ascendant sur l'autre et parfois le rapport de forces s'inver­se. C'est ce qu'il y a de boulever­sant dans Clément. Non seulement la passion y est décrite de la façon la plus directe et la plus sincère possible, dans le plaisir comme dans le chemin de croix, mais elle déborde les limites de son sujet. Clément est une parcelle de toutes les histoires d'amour interrompues. Il invoque le souvenir du tout premier amour, forcément abandon­né, qui a coloré de doute tous les suivants. Il rappelle la folie et l'aban­don de soi qui peuvent survenir dans la rupture. Ou le sentiment de puissance qu'on en retire. Bascule­ment final : le dernier plan provoque violemment le spectateur : se tenir hors du film ou à l'intérieur ? Se sentir voyeur ou impliqué ? Clément est un film à nu. Ce qui gêne et en fait un film absolument inoubliable car il suggère enfin au spectateur d'avoir la force de se dénuder à son tour."

"C'est une histoire d'amour – entre un garçon de 13 ans et une femme qui en a 30. Mais, comme on dit, la fin d'une histoire d'amour intense laisse des cicatrices. Clément est justement un film qui va fouiller cette chair. Chaque scène est une épreuve, douce ou violente, du corps (qui ensuite, seulement, déstabilise l'âme). Scènes d'amour être dans l'autre. Scène de jeux –sport, batailles de polochons et arrosage forcé : être contre l'autre, au propre et au figuré. Scènes de danse : être dans la séduction de l'autre.

Clément détaille le parcours sensoriel qui mène de la crainte à l'attirance, de la joie à la souffrance et de la fusion à la dislocation. Dans les conversations, aussi, l'étonnement des personnages porte sur les métamorphoses du corps. Peurs et éblouissements adolescents – et les règles ? et cette petite marque blanche sur ta peau ? ; incompréhensions d'adultes.

Un film de corps qui s'at­tirent, s'abîment, muent et se déchi­rent. Qui va dans les plaies, décolle les peaux psychologiques pour atta­quer directement le nerf et qui observe les flux d'amour et d'échanges entre les deux person­nages : l'un qui mûrit, l'autre qui régresse. Sans que cela réduise la relation à une question d'âge. Comme dans un couple ordinaire, l'un a l'ascendant sur l'autre et parfois le rapport de forces s'inver­se. C'est ce qu'il y a de boulever­sant dans Clément. Non seulement la passion y est décrite de la façon la plus directe et la plus sincère possible, dans le plaisir comme dans le chemin de croix, mais elle déborde les limites de son sujet.

Clément est une parcelle de toutes les histoires d'amour interrompues. Il invoque le souvenir du tout premier amour, forcément abandon­né, qui a coloré de doute tous les suivants. Il rappelle la folie et l'aban­don de soi qui peuvent survenir dans la rupture. Ou le sentiment de puissance qu'on en retire. Bascule­ment final : le dernier plan provoque violemment le spectateur : se tenir hors du film ou à l'intérieur ? Se sentir voyeur ou impliqué ? Clément est un film à nu. Ce qui gêne et en fait un film absolument inoubliable car il suggère enfin au spectateur d'avoir la force de se dénuder à son tour."