07 JUIN 2017

aden - Philippe Piazzo: Vivre au paradis

"Le paradis, c’est la France. Celle des années 60, confiantes dans le modernisme et le plein-emploi. Une France fière de ses routes et de ses immeubles avec eau et gaz à tous les étages. Mais un paradis inaccessible pour les immigrés, que l'on parque alors dans des bidonvilles. Encore un film déprimant ? Au contraire. Parce que Vivre au paradis n'est pas un film à thèse, ni un film social, ni un film historique. C'est, avant tout, le portrait d'un homme, interprété par un Roschdy Zem excellent. Et le réalisateur a centré son scénario sur son sens de la dignité et son courage. Cela n'exclut pas les erreurs, l'injustice, la dureté, voire la brutalité d'un héros qui n'a vraiment rien d'un héros de cinéma. Condamné à vivre dans l'humiliation, il est ici juste un homme simple, soucieux d'offrir à sa famille une vie décente et prêt à tout pour cela. Boudeur Guerdjou va jusqu'à montrer les dérives de cet objectif, qui tourne à l'obsession. Il n'en est que plus réaliste. Avec le bidonville toujours en arrière-plan, mais toujours bouillonnant de vie : de la collecte des fonds pour le FLN au mariage d'un voisin, jusqu'aux descentes de CRS en représailles d'invisibles actions terroristes. Le réalisateur a encerclé son sujet dans un lieu (ces baraques d'où on n'arrive jamais à s'échapper) et ne quitte pas d'une semelle sa famille, emblématique de milliers d'autres. Aux côtés du mari, apparaît aussi une épouse qui, malgré son silence, s'impose comme l'autre figure indispensable du film."

"Le paradis, c’est la France. Celle des années 60, confiantes dans le modernisme et le plein-emploi. Une France fière de ses routes et de ses immeubles avec eau et gaz à tous les étages. Mais un paradis inaccessible pour les immigrés, que l'on parque alors dans des bidonvilles. Encore un film déprimant ? Au contraire. Parce que Vivre au paradis n'est pas un film à thèse, ni un film social, ni un film historique. C'est, avant tout, le portrait d'un homme, interprété par un Roschdy Zem excellent. Et le réalisateur a centré son scénario sur son sens de la dignité et son courage. Cela n'exclut pas les erreurs, l'injustice, la dureté, voire la brutalité d'un héros qui n'a vraiment rien d'un héros de cinéma.

Condamné à vivre dans l'humiliation, il est ici juste un homme simple, soucieux d'offrir à sa famille une vie décente et prêt à tout pour cela. Boudeur Guerdjou va jusqu'à montrer les dérives de cet objectif, qui tourne à l'obsession. Il n'en est que plus réaliste. Avec le bidonville toujours en arrière-plan, mais toujours bouillonnant de vie : de la collecte des fonds pour le FLN au mariage d'un voisin, jusqu'aux descentes de CRS en représailles d'invisibles actions terroristes. Le réalisateur a encerclé son sujet dans un lieu (ces baraques d'où on n'arrive jamais à s'échapper) et ne quitte pas d'une semelle sa famille, emblématique de milliers d'autres. Aux côtés du mari, apparaît aussi une épouse qui, malgré son silence, s'impose comme l'autre figure indispensable du film."