02 MARS 2020

avoir-alire.com - Claudine Levanneur: 68, mon père et les clous

"A travers la description de ce commerce paternel, il dessine les contours d’une génération qui eut cette étrange idée de privilégier les idéaux humanistes à toutes autres valeurs, et témoigne de l’attachement de tous ceux qui ont fréquenté ce creuset d’une démocratie, à jamais révolue. Car ici, tout le monde a droit à la parole, amis, clients ou employés. Plus que pour acheter une planche de bois ou quelque outillage, on vient surtout chez Bricomonge pour prendre un café, discuter de la pluie et du beau temps, mais aussi échanger sur la politique, l’économie, les spectacles ou encore pour rencontrer d’autres cultures, puisque tant du côté des habitués que des salariés, tous les pays s’y croisent et égaient le lieu de leurs accents divers et variés.Et puis, en arrière-plan, se profile une dimension plus intimiste : celle de la transmission entre un fils trop curieux et un père peu disert, que le réalisateur sait habilement faire évoluer vers une réflexion universelle, autour des engagements et du sens que chacun souhaite donner à sa vie. Au sous-sol, la caméra se fait complice de quelques instants d’une tendresse pudique, grâce à de rares mais précieuses confidences qu’un homme pourtant réticent à se livrer, offre à son fils, dans le seul but de lui faire plaisir. Au sein de la boutique s’échangent des propos quelquefois sans grand intérêt, parfois plus sérieux, des traits d’humour, des plaisanteries, de l’écoute, de la reconnaissance. Sont ainsi réunis tous les ingrédients pour faire de ce huis clos chaleureux un haut lieu d’humanité, que Samuel Bigiaoui filme avec une sensibilité qui éclate toute entière à travers cette image de fin qui, de manière poignante, signe la disparition définitive d’un monde et d’une génération, dont les espoirs d’une vie meilleure ont débuté il y a un peu plus de cinquante ans, dans ce même Quartier latin."

"A travers la description de ce commerce paternel, il dessine les contours d’une génération qui eut cette étrange idée de privilégier les idéaux humanistes à toutes autres valeurs, et témoigne de l’attachement de tous ceux qui ont fréquenté ce creuset d’une démocratie, à jamais révolue. Car ici, tout le monde a droit à la parole, amis, clients ou employés. Plus que pour acheter une planche de bois ou quelque outillage, on vient surtout chez Bricomonge pour prendre un café, discuter de la pluie et du beau temps, mais aussi échanger sur la politique, l’économie, les spectacles ou encore pour rencontrer d’autres cultures, puisque tant du côté des habitués que des salariés, tous les pays s’y croisent et égaient le lieu de leurs accents divers et variés.Et puis, en arrière-plan, se profile une dimension plus intimiste : celle de la transmission entre un fils trop curieux et un père peu disert, que le réalisateur sait habilement faire évoluer vers une réflexion universelle, autour des engagements et du sens que chacun souhaite donner à sa vie. Au sous-sol, la caméra se fait complice de quelques instants d’une tendresse pudique, grâce à de rares mais précieuses confidences qu’un homme pourtant réticent à se livrer, offre à son fils, dans le seul but de lui faire plaisir. Au sein de la boutique s’échangent des propos quelquefois sans grand intérêt, parfois plus sérieux, des traits d’humour, des plaisanteries, de l’écoute, de la reconnaissance. Sont ainsi réunis tous les ingrédients pour faire de ce huis clos chaleureux un haut lieu d’humanité, que Samuel Bigiaoui filme avec une sensibilité qui éclate toute entière à travers cette image de fin qui, de manière poignante, signe la disparition définitive d’un monde et d’une génération, dont les espoirs d’une vie meilleure ont débuté il y a un peu plus de cinquante ans, dans ce même Quartier latin."