20 AOÛT 2019

avoir-alire.com - Claudine Levanneur: Le Cercle des petits philosophes

"Apprendre à penser dès le plus jeune âge, c’est le but de ces ateliers de philosophie mis en place par Frédéric Lenoir, créateur de la fondation SEVE (Savoir Etre et Vivre Ensemble) qui affirme haut et fort que « si tous les enfants participaient à des ateliers philo, le monde changerait en une génération ». « Est-il bien raisonnable de vouloir initier de jeunes enfants à la philosophie ? », objecteront sans doute quelques esprits sceptiques. Parfaitement ! Et ce documentaire que l’on doit à Cécile Denjean, réalisatrice multi-primée pour ses derniers films dont Le ventre est notre deuxième cerveau nous en convainc aisément. Si pour les Grecs anciens, la philosophie signifie l’amour de la sagesse, pour Schopenhauer, elle naît de notre étonnement au sujet du monde qui nous entoure et de notre existence. Car les questions sur leur environnement, les enfants n’en manquent pas : « Comment y a t-il pu y avoir un monde comme ça ? Il y a bien une raison. », s’interroge Gloria pendant qu’une autre fillette aimerait savoir : « Il est où le lieu qui appartient à tout le monde ? ». De son côté, Jérémy, dont les parents peinent à gagner leur vie, conclut que « l’argent, c’est une sorte de chantage. Parce que c’est comme de l’esclavage. En fait, on nous dit de faire quelque chose pour gagner de l’argent. » Le sujet de la mort revient souvent : « Grandir, j’aime pas ça, parce qu’après t’es plus proche de la mort ». Si l’école a pour mission de faire des têtes bien pleines, elle ne prend guère le temps de s’arrêter sur ces questions essentielles. Rejoignant Montaigne qui déjà au seizième siècle assurait « mieux vaut tête bien faite que tête bien pleine », le charismatique Frédéric Lenoir propose des moments d’introspection et de méditation entre humour, poésie et réflexion. Epaulé par Cécile Denjean, il choisit de se consacrer à deux écoles (l’une à Paris dans le 10ème arrondissement, l’autre à Pantin en banlieue parisienne), de manière à obtenir un débat riche et fourni. Dans une salle de classe au calme étonnant, chaque enfant exprime son opinion au sein du groupe en toute liberté. Le maître de cette conférence enfantine a pour rôle de pousser l’enfant dans son raisonnement, afin de développer discernement et esprit critique. On suit sans lassitude les réactions des jeunes qui, entre spontanéité et maturité inattendue, nous émerveillent de leurs mots et de leurs arguments. « Nos pensées sont individuelles, mais s’exprimer par la philosophie, ça nous aide à voir les choses autrement, en groupes », analyse fort doctement Jeanne, 10 ans. Au regard des marques d’affection dont il bénéficie et de l’enthousiasme qu’il suscite, il y a fort à parier que ce professeur hors pair ait réussi son pari. Mêlant habilement individuel et collectif, cette expérience confirme que le dialogue entre les êtres reste l’un des indispensables marchepieds vers l’amélioration du monde."

"Apprendre à penser dès le plus jeune âge, c’est le but de ces ateliers de philosophie mis en place par Frédéric Lenoir, créateur de la fondation SEVE (Savoir Etre et Vivre Ensemble) qui affirme haut et fort que « si tous les enfants participaient à des ateliers philo, le monde changerait en une génération ».

« Est-il bien raisonnable de vouloir initier de jeunes enfants à la philosophie ? », objecteront sans doute quelques esprits sceptiques. Parfaitement ! Et ce documentaire que l’on doit à Cécile Denjean, réalisatrice multi-primée pour ses derniers films dont Le ventre est notre deuxième cerveau nous en convainc aisément. Si pour les Grecs anciens, la philosophie signifie l’amour de la sagesse, pour Schopenhauer, elle naît de notre étonnement au sujet du monde qui nous entoure et de notre existence. Car les questions sur leur environnement, les enfants n’en manquent pas : « Comment y a t-il pu y avoir un monde comme ça ? Il y a bien une raison. », s’interroge Gloria pendant qu’une autre fillette aimerait savoir : « Il est où le lieu qui appartient à tout le monde ? ». De son côté, Jérémy, dont les parents peinent à gagner leur vie, conclut que « l’argent, c’est une sorte de chantage. Parce que c’est comme de l’esclavage. En fait, on nous dit de faire quelque chose pour gagner de l’argent. » Le sujet de la mort revient souvent : « Grandir, j’aime pas ça, parce qu’après t’es plus proche de la mort ».

Si l’école a pour mission de faire des têtes bien pleines, elle ne prend guère le temps de s’arrêter sur ces questions essentielles. Rejoignant Montaigne qui déjà au seizième siècle assurait « mieux vaut tête bien faite que tête bien pleine », le charismatique Frédéric Lenoir propose des moments d’introspection et de méditation entre humour, poésie et réflexion. Epaulé par Cécile Denjean, il choisit de se consacrer à deux écoles (l’une à Paris dans le 10ème arrondissement, l’autre à Pantin en banlieue parisienne), de manière à obtenir un débat riche et fourni. Dans une salle de classe au calme étonnant, chaque enfant exprime son opinion au sein du groupe en toute liberté.

Le maître de cette conférence enfantine a pour rôle de pousser l’enfant dans son raisonnement, afin de développer discernement et esprit critique. On suit sans lassitude les réactions des jeunes qui, entre spontanéité et maturité inattendue, nous émerveillent de leurs mots et de leurs arguments. « Nos pensées sont individuelles, mais s’exprimer par la philosophie, ça nous aide à voir les choses autrement, en groupes », analyse fort doctement Jeanne, 10 ans. Au regard des marques d’affection dont il bénéficie et de l’enthousiasme qu’il suscite, il y a fort à parier que ce professeur hors pair ait réussi son pari. Mêlant habilement individuel et collectif, cette expérience confirme que le dialogue entre les êtres reste l’un des indispensables marchepieds vers l’amélioration du monde."