07 JANVIER 2019

aVoir-aLire.com - Claudine Levanneur : Mademoiselle de Joncquières

Tout en prenant soin de ne pas se perdre dans des contemplations inutiles, une mise en scène ample et gracieuse nous transporte dans les immenses jardins magnifiquement entretenus du château où batifole, entre raffinement discret et éloquence harmonieuse ce couple judicieusement assorti qui monopolise l’attention. Cécile de France dont l’espièglerie n’a d’égal que la fraîcheur passe avec le même talent de l’humour à la manipulation, de la légèreté à l’autoritarisme pendant qu’Edouard Baer, dont la mise vestimentaire savamment négligée renforce sa distinction naturelle, s’approprie la langue du XVIIIè siècle comme si c’était la sienne et ils forment un duo fascinant. La luxuriance des lieux, la beauté des costumes, l’aisance des personnages et la fluidité des dialogues procurent une sensation de plénitude. La présence de l’amie de Mme de Pommeray, arbitre des excès de ces deux êtres passionnés, et incarnée par une Laure Calamy touchante de douceur et de délicatesse, complète fort joliment ce tableau. Dès lors que l’histoire d’amour tourne court, la caméra délaisse les pelouses verdoyantes et les étangs dorés pour se glisser dans le secret des salons lambrissés de la belle demeure. Le ton se fait moins primesautier pour devenir plus intrigant. Car en dressant ces quatre portraits de femmes toutes différentes mais toutes animées d’une détermination implacable, Emmanuel Mouret scrute avec une délectation non feinte et ce sens de la minutie qui le caractérise les méandres de l’âme féminine, entre perfidie et passion.