Cahiers du Cinéma - Serge Toubiana: Voyages
" Voyages n’est ni tout à fait un documentaire ni tout à fait une fiction. C’est un film entre-deux, toujours sur la frontière, en équilibre instable. La mise en scène est bâtie sur des éléments de scénario : au début du film, ces voyageurs dans un bus qui traverse la Pologne, vieux Juifs d’origine polonaise qui visitent un cimetière à la recherche des tombes de leurs parents, frères ou soeurs, ou encore amis, ne sont pas saisis sur le vif par une caméra documentaire. Les saynètes sont jouées, les places assignées, le rôles appris par des «acteurs» qui ont lu le scénario. Mais ce scénario raconte leur histoire, s’inspire de leurs vies, utilise leurs mots, “rejoue“ leurs émotions. Emmanuel Finkiel réussit à entretenir le doute, voire à le cultiver. Il fait naître un sentiment de vérité, sans nier l’ambiguïté même de sa démarche de cinéaste. C’est toute la force de Voyages, construit autour de trois histoires qui entretiennent des résonances secrètes et finissent par tisser une vraie trame fictionnelle (certains personnages réapparaissent d’une histoire à l’autre). Son sujet est la diaspora, la dispersion à travers le monde des Juifs, y compris des Juifs d’Israël : le dernier épisode, le plus émouvant, filme une vieille juive russe débarquée dans un pays où, comble du paradoxe, plus personne ou presque ne parle yiddish, et qui est à la recherche d’une cousine qu’elle n’a pas vue depuis trente ans..."
" Voyages n’est ni tout à fait un documentaire
ni tout à fait une fiction. C’est un film
entre-deux, toujours sur la frontière, en
équilibre instable. La mise en scène est
bâtie sur des éléments de scénario : au
début du film, ces voyageurs dans un bus
qui traverse la Pologne, vieux Juifs d’origine
polonaise qui visitent un cimetière à la
recherche des tombes de leurs parents,
frères ou soeurs, ou encore amis, ne sont
pas saisis sur le vif par une caméra documentaire.
Les saynètes sont jouées, les
places assignées, le rôles appris par des
«acteurs» qui ont lu le scénario.
Mais ce
scénario raconte leur histoire, s’inspire
de leurs vies, utilise leurs mots, “rejoue“
leurs émotions. Emmanuel Finkiel réussit
à entretenir le doute, voire à le cultiver.
Il fait naître un sentiment de vérité,
sans nier l’ambiguïté même de sa
démarche de cinéaste. C’est toute la
force de Voyages, construit autour de
trois histoires qui entretiennent des
résonances secrètes et finissent par tisser
une vraie trame fictionnelle (certains
personnages réapparaissent d’une histoire
à l’autre).
Son sujet est la diaspora,
la dispersion à travers le monde des
Juifs, y compris des Juifs d’Israël : le
dernier épisode, le plus émouvant, filme
une vieille juive russe débarquée dans
un pays où, comble du paradoxe, plus
personne ou presque ne parle yiddish, et
qui est à la recherche d’une cousine
qu’elle n’a pas vue depuis trente ans..."