23 JANVIER 2018

Cahiers du Cinéma - Stéphane Bouquet: La Loi du collège

" La réussite de Mariana Otero tient sans doute en partie à sa modestie. Elle n'a pas cherché une vision panoptique de l'établissement scolaire, qui aurait multiplié les points de vue (administration, profs, élèves) ou les sujets (pédagogie, discipline...). Elle s'est contentée -et c'est déjà beaucoup - de suivre une classe de quatrième technologique (censée conduire au BEP) dans sa révolte contre l’institution scolaire, et de filmer la réaction des profs et du proviseur face à ces élèves un peu plus que turbulents qui se débarrassent de leur mal-être comme ils peuvent. En adoptant, pour ainsi dire, une stratégie d’ethnologue, en se retirant au maximum du jeu - raison pour laquelle ses interventions se résument à un commentaire off très peu abondant, rédigé a posteriori par Jérôme Prieur -, Mariana Otero a su faire oublier la caméra. Du coup, la vie scolaire est rendue à sa quotidienneté. sans que personne, ni profs ni élèves, cherche à se composer un masque pour l'occasion (...) La Loi du collège n’est pas seulement un recueil d’anedoctes. même plaisantes. Chance ou art du montage (...), Mariana Otero a construit son feuilleton documentaire comme un film de fiction avec la lente montée de la tension (le premier trimestre), l'explosion attendue (le deuxième trimestre), la retombée et le dénouement (le troisième trimestre et les conseils de classe). On languit même entre les épisodes de savoir la suite Cela commence donc avec de petits méfaits -chaise lancée sur le chien du concierge, vol d'un magnétoscope -, cela s'aggrave lentement et un garçon un peu (si peu) efféminé en est pour ses frais, puis la révolte (...) enfle encore et les professeurs finissent par recevoir des coups de pied, des pierres ou se faire cracher dessus. Face à la menace, les profs d’un côté, le proviseur de l'autre, s’organisent et passent à l'action. Je ne raconterai pas plus avant ce qui aurait pu être un film de Ford (comment imposer la loi r) et qui est, en fait, un beau documentaire, absolument véridique, sur la réalité scolaire dans les banlieues défavorisées."

" La réussite de Mariana Otero tient sans doute en partie à sa modestie. Elle n'a pas cherché une vision panoptique de l'établissement scolaire, qui aurait multiplié les points de vue (administration, profs, élèves) ou les sujets (pédagogie, discipline...). Elle s'est contentée -et c'est déjà beaucoup - de suivre une classe de quatrième technologique (censée conduire au BEP) dans sa révolte contre l’institution scolaire, et de filmer la réaction des profs et du proviseur face à ces élèves un peu plus que turbulents qui se débarrassent de leur mal-être comme ils peuvent.

En adoptant, pour ainsi dire, une stratégie d’ethnologue, en se retirant au maximum du jeu - raison pour laquelle ses interventions se résument à un commentaire off très peu abondant, rédigé a posteriori par Jérôme Prieur -, Mariana Otero a su faire oublier la caméra. Du coup, la vie scolaire est rendue à sa quotidienneté. sans que personne, ni profs ni élèves, cherche à se composer un masque pour l'occasion (...)

La Loi du collège n’est pas seulement un recueil d’anedoctes. même plaisantes. Chance ou art du montage (...), Mariana Otero a construit son feuilleton documentaire comme un film de fiction avec la lente montée de la tension (le premier trimestre), l'explosion attendue (le deuxième trimestre), la retombée et le dénouement (le troisième trimestre et les conseils de classe). On languit même entre les épisodes de savoir la suite

Cela commence donc avec de petits méfaits -chaise lancée sur le chien du concierge, vol d'un magnétoscope -, cela s'aggrave lentement et un garçon un peu (si peu) efféminé en est pour ses frais, puis la révolte (...) enfle encore et les professeurs finissent par recevoir des coups de pied, des pierres ou se faire cracher dessus. Face à la menace, les profs d’un côté, le proviseur de l'autre, s’organisent et passent à l'action. Je ne raconterai pas plus avant ce qui aurait pu être un film de Ford (comment imposer la loi r) et qui est, en fait, un beau documentaire, absolument véridique, sur la réalité scolaire dans les banlieues défavorisées."