07 JUIN 2017

Cahiers du Cinéma - Thierry Méranger: L'Absence

"Le titre se veut programme. Pour faire bref : comment, sans passé et sans avenir, construire un présent ? L'absence est celle de la figure centrale du film, Anna, atteinte de démence sénile. Elle est aussi et surtout celle des hommes. Le mari attentionné et infiniment patient fuit un beau jour sans laisser d'adresse. Les visites sporadiques du fils ne sont bientôt plus que des coups de fil. Restent les femmes. Beau trio d'actrices capables, au détour de chaque séquence, de transcender les conventions d'une intrigue qui sera fondée sur l'huis quasi clos de la cohabitation de la malade et de ses aides-soignantes. Si Liliane Rovère domine la distribution, jouant de sa gouaille de vieille dame tendre et indigne, Jocelyne Desverchère, infirmière pressée, se montre tout aussi convaincante. Révélation silencieuse, Cécile Coustillac s'efface peu à peu, à l'image d'un film qui se dissout dans la répétition sérielle des mêmes plans. C'est là sa force et sa faiblesse : Cyril de Gaspéris, cinéaste à suivre, frôle l'abstraction et le formalisme mais rend compte non sans panache de la mort du temps."

"Le titre se veut programme. Pour faire bref : comment, sans passé et sans avenir, construire un présent ? L'absence est celle de la figure centrale du film, Anna, atteinte de démence sénile. Elle est aussi et surtout celle des hommes. Le mari attentionné et infiniment patient fuit un beau jour sans laisser d'adresse. Les visites sporadiques du fils ne sont bientôt plus que des coups de fil. Restent les femmes. Beau trio d'actrices capables, au détour de chaque séquence, de transcender les conventions d'une intrigue qui sera fondée sur l'huis quasi clos de la cohabitation de la malade et de ses aides-soignantes. Si Liliane Rovère domine la distribution, jouant de sa gouaille de vieille dame tendre et indigne, Jocelyne Desverchère, infirmière pressée, se montre tout aussi convaincante. Révélation silencieuse, Cécile Coustillac s'efface peu à peu, à l'image d'un film qui se dissout dans la répétition sérielle des mêmes plans. C'est là sa force et sa faiblesse : Cyril de Gaspéris, cinéaste à suivre, frôle l'abstraction et le formalisme mais rend compte non sans panache de la mort du temps."