18 DÉCEMBRE 2019

CinemaTeaser - Emmanuelle Spadacenta: Trois jours et une vie

"Nicolas Boukhrief est très attaché au genre, à ses codes, à ses grandes figures tutélaires mais il est surtout devenu, au fil du temps, un portraitiste hors-pair de la France. Ses pavillons de banlieue, ses villes de province, ses clochers, ses patelins. Il croit, dur comme fer, comme Jean-Pierre Melville ou Yves Boisset avant lui, que ce pays est le cadre idéal pour cultiver le suspense, les secrets d’alcôve, les rancœurs. Quand il ne s’inspire pas des vieux romans (LA CONFESSION, tiré de « Léon Morin, prêtre ») ou du climat social (MADE IN FRANCE, GARDIENS DE L’ORDRE), il va puiser dans la littérature contemporaine, chez l’un des grands auteurs français, une fiction qui fleure bon la vérité du fait divers. Et il tire du best-seller « Trois jours et une vie » de Pierre Lemaître, un film si familier, si quotidien, si réel qu’il l’impose comme un intemporel, un futur carton de soirée cinéma. De mémoire, si l’on exclut les comédies grand public, ça faisait longtemps qu’on n’avait pas vu si fédérateur et populaire. Résumons TROIS JOURS ET UNE VIE au choc des habitants d’un village ardennais après la disparition d’un tout jeune garçon ; nous faisons davantage de mystère que l’intrigue elle-même car ce n’est pas elle qui prévaut. C’est plutôt l’atmosphère pesante, reculée du film. Le gris, le vent, la pluie. La forêt drue. Tout le monde qui se connaît. La précarité qui touche les foyers. Les trois huit. Les enfants houspillés par les vieux. Les chiens qui escortent les écoliers traversant sans regarder. Les mères célibataires. Les rondes de gendarmerie nationale. Les casse-croûtes. Une vie dans le Nord telle qu’on la connaît bien, que Boukhrief prend un évident plaisir (mais jamais passéiste) à mettre en scène, comme on arrange, avec soin, une petite crèche au pied du sapin. Soudain, le drame vient tout balayer, fige ce village dans la stupeur. Un enfant disparaît ; un autre est pétrifié de terreur. Le lourd secret, le tabou qui dévore tout comme un ogre avale le village d’Olloy (...)"

"Nicolas Boukhrief est très attaché au genre, à ses codes, à ses grandes figures tutélaires mais il est surtout devenu, au fil du temps, un portraitiste hors-pair de la France. Ses pavillons de banlieue, ses villes de province, ses clochers, ses patelins. Il croit, dur comme fer, comme Jean-Pierre Melville ou Yves Boisset avant lui, que ce pays est le cadre idéal pour cultiver le suspense, les secrets d’alcôve, les rancœurs. Quand il ne s’inspire pas des vieux romans (LA CONFESSION, tiré de « Léon Morin, prêtre ») ou du climat social (MADE IN FRANCE, GARDIENS DE L’ORDRE), il va puiser dans la littérature contemporaine, chez l’un des grands auteurs français, une fiction qui fleure bon la vérité du fait divers. Et il tire du best-seller « Trois jours et une vie » de Pierre Lemaître, un film si familier, si quotidien, si réel qu’il l’impose comme un intemporel, un futur carton de soirée cinéma. De mémoire, si l’on exclut les comédies grand public, ça faisait longtemps qu’on n’avait pas vu si fédérateur et populaire. Résumons TROIS JOURS ET UNE VIE au choc des habitants d’un village ardennais après la disparition d’un tout jeune garçon ; nous faisons davantage de mystère que l’intrigue elle-même car ce n’est pas elle qui prévaut. C’est plutôt l’atmosphère pesante, reculée du film. Le gris, le vent, la pluie. La forêt drue. Tout le monde qui se connaît. La précarité qui touche les foyers. Les trois huit. Les enfants houspillés par les vieux. Les chiens qui escortent les écoliers traversant sans regarder. Les mères célibataires. Les rondes de gendarmerie nationale. Les casse-croûtes. Une vie dans le Nord telle qu’on la connaît bien, que Boukhrief prend un évident plaisir (mais jamais passéiste) à mettre en scène, comme on arrange, avec soin, une petite crèche au pied du sapin. Soudain, le drame vient tout balayer, fige ce village dans la stupeur. Un enfant disparaît ; un autre est pétrifié de terreur. Le lourd secret, le tabou qui dévore tout comme un ogre avale le village d’Olloy (...)"