30 AVRIL 2020

Critikat.com - Damien Bonelli: Le Lac Aux Oies Sauvages

" Le film chorégraphie avec brio son ballet de figures imposées – le criminel en fuite mais résigné à son sort ; la femme fatale aux allégeances incertaines ; le flic obsessionnel, déjà présent dans Black Coal – dans des décors labyrinthiques. Un dédale suburbain bordé par le lac du titre, dont la surface n’est troublée que par intermittences par des gerbes de violence – et un crachat de sperme – donnant lieu à des fulgurances plastiques inouïes. Malgré cette sécheresse, un sens prononcé de la durée filtre de cette torpeur provinciale où, la nuit tombée, les habitants dansent sur la place publique au son du Raspoutine de Boney M. Baskets lumineuses et enseignes à néons se répondent, dans une rêverie à la polychromie cafardeuse, où des ombres se pourchassent sur des murs lépreux. De Lang à Tourneur, en passant par le Welles de la Dame de Shanghai et Wong Kar-wai, les références abondent, sans figer le film dans le pur maniérisme. C’est que de son mouvement se dégage une pulsation électrisante, aux prises avec un fatalisme très contemporain : rien d’autre que l’énergie du désespoir, celle avec laquelle un homme qui se sait condamné d’avance s’efforce de conjurer la trahison et la mort ; tout en y fonçant tête baissée."

" Le film chorégraphie avec brio son ballet de figures imposées – le criminel en fuite mais résigné à son sort ; la femme fatale aux allégeances incertaines ; le flic obsessionnel, déjà présent dans Black Coal – dans des décors labyrinthiques. Un dédale suburbain bordé par le lac du titre, dont la surface n’est troublée que par intermittences par des gerbes de violence – et un crachat de sperme – donnant lieu à des fulgurances plastiques inouïes. Malgré cette sécheresse, un sens prononcé de la durée filtre de cette torpeur provinciale où, la nuit tombée, les habitants dansent sur la place publique au son du Raspoutine de Boney M. Baskets lumineuses et enseignes à néons se répondent, dans une rêverie à la polychromie cafardeuse, où des ombres se pourchassent sur des murs lépreux. De Lang à Tourneur, en passant par le Welles de la Dame de Shanghai et Wong Kar-wai, les références abondent, sans figer le film dans le pur maniérisme. C’est que de son mouvement se dégage une pulsation électrisante, aux prises avec un fatalisme très contemporain : rien d’autre que l’énergie du désespoir, celle avec laquelle un homme qui se sait condamné d’avance s’efforce de conjurer la trahison et la mort ; tout en y fonçant tête baissée."