11 MARS 2021

Critikat.com - Jean-Sébastien Massart: Les Choses qu'on dit, les choses qu'on fait

"(...) Le surmoi rohmérien qui pèse depuis le début sur l’œuvre de Mouret ne se résume donc plus aujourd’hui à un simple badinage : le cinéaste accède à une compréhension plus profonde de ses personnages, là où l’art de la comédie côtoie le drame. L’option de la comédie ou du drame dépend d’ailleurs, comme chez Rohmer, de la place que l’on occupe dans la scénographie du désir. La femme de François, par exemple, ne peut-elle pas redevenir la maîtresse d’un soir dès lors qu’elle ne joue plus son rôle d’épouse ? L’ami de Maxime ne retombe-t-il pas amoureux de sa femme « officielle » en faisant d’elle sa maîtresse dès qu’il commence à avoir une relation régulière avec une autre femme ? Comme toute comédie ambitieuse, Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait nous tend un miroir et nous invite à nous reconnaître moralement dans ses personnages, à trouver en eux des reflets pathétiques de notre inconstance et de nos faiblesses. Cette dimension du conte moral, Mouret la vise depuis ses débuts et l’atteint ici pleinement : le temps du drame, exploré dans les films précédents (jusqu’à l’impasse relative de Mademoiselle de Joncquières, toutefois défendu dans ces colonnes) semble s’être refermé pour faire place à la comédie dans ce qu’elle a de plus éclatant et de plus grand. Dans l’épilogue, Daphné revoit Maxime par hasard des mois après leur rencontre ; elle l’observe, en secret, comme une personne qu’elle a aimée et dont le charme ne s’est pas totalement estompé, mais Maxime est désormais engagé dans une autre vie, il est « pris », comme on dit chez Mouret. Il n’y a rien de plus cruel que cette fin, où Mouret côtoie le Rohmer de Ma nuit chez Maud : le voilà presque parvenu à la hauteur du maître."

"(...) Le surmoi rohmérien qui pèse depuis le début sur l’œuvre de Mouret ne se résume donc plus aujourd’hui à un simple badinage : le cinéaste accède à une compréhension plus profonde de ses personnages, là où l’art de la comédie côtoie le drame. L’option de la comédie ou du drame dépend d’ailleurs, comme chez Rohmer, de la place que l’on occupe dans la scénographie du désir. La femme de François, par exemple, ne peut-elle pas redevenir la maîtresse d’un soir dès lors qu’elle ne joue plus son rôle d’épouse ? L’ami de Maxime ne retombe-t-il pas amoureux de sa femme « officielle » en faisant d’elle sa maîtresse dès qu’il commence à avoir une relation régulière avec une autre femme ?

Comme toute comédie ambitieuse, Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait nous tend un miroir et nous invite à nous reconnaître moralement dans ses personnages, à trouver en eux des reflets pathétiques de notre inconstance et de nos faiblesses. Cette dimension du conte moral, Mouret la vise depuis ses débuts et l’atteint ici pleinement : le temps du drame, exploré dans les films précédents (jusqu’à l’impasse relative de Mademoiselle de Joncquières, toutefois défendu dans ces colonnes) semble s’être refermé pour faire place à la comédie dans ce qu’elle a de plus éclatant et de plus grand. Dans l’épilogue, Daphné revoit Maxime par hasard des mois après leur rencontre ; elle l’observe, en secret, comme une personne qu’elle a aimée et dont le charme ne s’est pas totalement estompé, mais Maxime est désormais engagé dans une autre vie, il est « pris », comme on dit chez Mouret. Il n’y a rien de plus cruel que cette fin, où Mouret côtoie le Rohmer de Ma nuit chez Maud : le voilà presque parvenu à la hauteur du maître."

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