28 MARS 2018

Critikat.com - Maël Mubalegh: Des bobines et des hommes

"« Je rembobine » : c’est la métaphore pour le moins prévisible qu’emploie Stéphane Ziegler, vers le début du film, juste avant de raccommoder une phrase bancale qu’il adressait à Charlotte Pouch. « Mon objectif, ce à quoi j’ai travaillé : la pérennité du savoir-faire de Bel Maille dans son ancrage, ici, à Roanne; dans son ancrage local. » Ce discours convenu qu’il a appris par cœur, Stéphane Ziegler le répète en toutes circonstances – en tête-à-tête avec la réalisatrice, devant les employés, lors des réunions avec les représentants des ouvriers –, dans l’espoir qu’il pourra, par ce moyen, transformer ses décisions économiques injustes – et surtout malhonnêtes – en donné naturel ; en évidence inattaquable. Charlotte Pouch, avec habileté, fait, quant à elle, monter la tension jusqu’au point où la vacuité des mots du patron se heurte au jugement implacable de ses subordonnés : transcrivant dans sa matière les gestes que les « tricoteurs » s’ingénient, en dépit de la situation désespérée, à reproduire coûte que coûte, le film dévide cette parole ouvrière qui, tout en envisageant l’inéluctable défaite, dit le refus d’un inébranlable état des choses. Tout cela culmine dans une scène d’altercation très frontale, située dans la dernière partie du film : alors qu’il est devenu évident que Ziegler a tout bonnement abandonné son équipe, les ouvriers auxquels il s’adresse à ce moment-là, jusqu’alors si patients, montent enfin au créneau."

"« Je rembobine » : c’est la métaphore pour le moins prévisible qu’emploie Stéphane Ziegler, vers le début du film, juste avant de raccommoder une phrase bancale qu’il adressait à Charlotte Pouch. « Mon objectif, ce à quoi j’ai travaillé : la pérennité du savoir-faire de Bel Maille dans son ancrage, ici, à Roanne; dans son ancrage local. » Ce discours convenu qu’il a appris par cœur, Stéphane Ziegler le répète en toutes circonstances – en tête-à-tête avec la réalisatrice, devant les employés, lors des réunions avec les représentants des ouvriers –, dans l’espoir qu’il pourra, par ce moyen, transformer ses décisions économiques injustes – et surtout malhonnêtes – en donné naturel ; en évidence inattaquable. Charlotte Pouch, avec habileté, fait, quant à elle, monter la tension jusqu’au point où la vacuité des mots du patron se heurte au jugement implacable de ses subordonnés : transcrivant dans sa matière les gestes que les « tricoteurs » s’ingénient, en dépit de la situation désespérée, à reproduire coûte que coûte, le film dévide cette parole ouvrière qui, tout en envisageant l’inéluctable défaite, dit le refus d’un inébranlable état des choses. Tout cela culmine dans une scène d’altercation très frontale, située dans la dernière partie du film : alors qu’il est devenu évident que Ziegler a tout bonnement abandonné son équipe, les ouvriers auxquels il s’adresse à ce moment-là, jusqu’alors si patients, montent enfin au créneau."