07 MAI 2020

"Dérapages" - Un homme en colère

Poussé à bout par six années de chômage, un ancien DRH s’offre une magnifique sor tie de route. Dans la série "Dérapages" réalisée par Ziad Doueiri, l’ex-footballeur Éric Cantona, désormais comédien confirmé, endosse ce rôle avec le panache qu’on lui connaît. Entretien.

Media

On ressent une vraie jubilation dans votre interprétation du héros de "Dérapages"…

Éric Cantona : J’ai adoré ce personnage. Quelle trajectoire, du début à la fin ! Se voir offrir un tel rôle, qui traverse une telle diversité d’émotions et d’univers, est rare. Je ne sais pas si cette chance se représentera. C’était aussi la première fois que je jouais dans une série, un format idéal pour faire exister cette densité. Mais si j’ai pu aussi m’amuser, c’est parce que nous étions très bien préparés. Ziad Doueiri est une bête de travail. Un amoureux du cinéma, qui vous embarque et vous tire vers le haut. Comme je suis plutôt bosseur, nous nous sommes bien trouvés. Nous avons consacré du temps à la préparation du rôle, de sorte qu’en arrivant sur le plateau nous étions en confiance et en accord sur la direction à prendre. Pour moi, ce travail préalable s’avère aussi important que celui du tournage. Malheureusement, on n’a pas toujours la possibilité de l’accomplir.

Comment percevez-vous votre personnage, Alain Delambre ?

Éric Cantona : Il est seul face à un système inhumain. Après des années de chômage, il est rincé, et comme il est un senior, il se retrouve sans aucune perspective. Il cherche une solution pour s’en sortir, mais lorsqu’il se rend compte qu’il est une nouvelle fois le jouet d’intérêts économiques, il passe à l’action. Sa force réside dans sa ténacité, mais il est aussi guetté par une forme de folie. Il va aller très loin dans son combat, et, forcément, va y laisser des plumes… Il n’est pas parfait, loin de là, mais sa famille non plus ! La seule personne sur laquelle il puisse réellement compter, c’est son ami Charles. Au final, ce personnage pose la question de la survie dans un monde impitoyable.

Cet homme en colère se révèle aussi capable de distance et d’humour. Avez-vous accentué ce trait ?

Éric Cantona : Non, cet aspect existait dans le scénario et me plaisait ainsi. L’écriture de Pierre Lemaitre, c’est quand même du haut niveau ! Dans les passages où il commente l’action, Alain Delambre porte un regard ironique sur la société, mais aussi sur sa propre démarche. Il rit de lui-même et de son incroyable parcours. C’est justement l’aspect dramatique de la situation qui amène cette autodérision.

 

 

Propos recueillis par Jonathan Lennuyeux-Comnène