02 DÉCEMBRE 2021

Doutes - Entretien avec Muriel Robin

Interprète principale de "Doutes", l’actrice Muriel Robin revient sur la genèse de ce film haletant, entre fiction et théâtre, et sur son rôle de rédactrice en chef sous tension, dont la vie bascule.

Media

"Doutes" n’est pas une captation théâtrale comme les autres. Comment est né ce dispositif inédit ?

Muriel Robin : Au départ c’était une pièce de théâtre, qui m’a été envoyée par son auteure Élodie Wallace. J’ai tout de suite été conquise. Le sujet était fort, l’angle intéressant, mais il ne s’agissait pas d’un texte “facile”. Nous avons donc réfléchi à la manière de monter le projet, et c’est mon agent, Christopher Robba, qui a suggéré d’en faire un film. Doutes est donc la mise en images d’une pièce qui n’a jamais été jouée sur scène. C’est du théâtre filmé, ou un film théâtralisé, au choix ! En tout cas, un objet totalement original.

 

Cela a-t-il influencé votre manière de jouer ?

Muriel Robin : Nous avons d’abord répété le texte comme une pièce de théâtre sous la direction d’un metteur en scène formidable, Christophe Charrier, qui nous a aidés à affûter les personnages et la dramaturgie. Le récit est intense, il va à l’essentiel. Le spectateur est happé et ne lâche plus les trois protagonistes. Le réalisateur François Hanss est ensuite entré en scène et nous avons tourné. Le travail de lumière, superbe, installe une atmosphère dense, renforcée par la musique d’Alex Beaupain. Ce qui est intéressant c’est que le couple qu’Agnès, mon personnage, forme avec son mari vit dans une forme de théâtralité : la représentation de leur réussite professionnelle et sociale, que l’irruption de cette jeune femme, embauchée comme assistante de production, va faire voler en éclats.

 

Au cours du film, une femme révèle un viol qu’elle a subi enfant. Qu’est-ce qui vous a intéressée dans la manière d’aborder ce sujet ?

Muriel Robin : Quand on parle de violences ou de viol, on pense avant tout à la victime, bien sûr. Mais c’est intéressant de voir les répercussions de ce type de révélations sur un couple ou une famille. Comment réagit-on quand cela vous tombe dessus? J’ai trouvé cette manière d’aborder le sujet, sous l’angle du doute, vraiment originale. Agnès cherche la vérité. Elle y est obligée car sa vie – celle qu’elle a connue jusqu’à présent – en dépend. Elle tâtonne car elle est embarrassée, freinée par ses certitudes. Mais quoiqu’il arrive, le ver est dans le fruit. Comment continuer quand il faut remettre en question la connaissance intime qu’on croyait avoir de la personne qu’on aime ? Cette rédactrice en chef habituée à dénoncer, à révéler des scandales dans son émission, devient une victime collatérale.

 

Comment s’est composée la distribution ?

Muriel Robin : ARTE donne la liberté de mettre en avant des comédiens qui ne sont pas des têtes d’affiches. C’est précieux. Olivier Claverie est un grand acteur de théâtre, qu’on a vu au cinéma et à la télévision dans une foule de seconds rôles. Je le connais depuis trente ans mais nous n’avions jamais eu l’occasion de travailler ensemble. Le rôle de Gabriel était taillé pour lui, et notre complicité dans la vie nous a aidé à incarner ce couple. Élodie Wallace est l’auteure de la pièce, mais j’aurais parié qu’elle était aussi une excellente comédienne. C’est ce que j’ai découvert. Je suis fière de jouer dans ce film, qui, du début à la fin, a été porté par des gens de talent.