08 AVRIL 2022

En thérapie - Saison 2 - Entretien avec Eric Toledano & Olivier Nakache

Une «nouvelle proposition» plutôt qu’une suite : Eric Toledano et Olivier Nakache reprennent leur rôle de chefs d’orchestre d’En Thérapie dans le contexte actuel de la pandémie, de concert avec une nouvelle équipe de réalisateurs prestigieux. Retrouvez les épisodes de la série en cliquant ici.

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Qu’est-ce qui vous a poussés à vous lancer dans cette nouvelle saison ?

Eric Toledano : Pour tout dire ce n’était pas évident ! Nous avions envie de retourner vers le cinéma, et l’élaboration de trente-cinq épisodes mobilisant une nouvelle équipe de scénaristes, de réalisateurs et de comédiens, représente un travail à temps plein. L’irruption de la pandémie dans notre quotidien a été un facteur déterminant. D’une certaine manière, cela s’est imposé avec ce nouveau trauma collectif qui nous plongeait dans le désarroi… Nous nous sommes dit qu’il y avait matière à prolonger l’expérience, à la lumière de ce qui se passait au présent.

 

Olivier Nakache : Nous n’avons jamais voulu réaliser de deuxième opus à nos films. De même, faire une deuxième saison sans nécessité particulière ne nous intéressait pas. Nous avions besoin d’un déclencheur qui nous permette de renouveler la proposition. Quand nous avons parlé à Hagai Levi, le créateur de « BeTipul », de notre idée de situer une nouvelle saison à la sortie du confinement de 2020, il a dit oui, bien sûr : c’était une évidence.

 

Eric Toledano : Le succès d’audience de la première saison nous a évidemment beaucoup motivés. Tout comme le lien tissé avec Frédéric Pierrot : nous avions envie, comme lui, de continuer à faire vivre le personnage de Philippe Dayan. Il s’est particulièrement impliqué dans la création de cette nouvelle saison.

 

 

Cinq ans se sont écoulés depuis qu’on a quitté ce personnage. Qu’est-ce qui a changé ?

Olivier Nakache : Dayan vit seul. Les séances se déroulent dans un nouveau décor, une maison de banlieue où il s’est installé après avoir divorcé. Il est en difficulté, en attente d’un procès que lui intente la famille d’Adel Chibane (le policier joué par Reda Kateb dans la saison 1), après la mort de ce dernier en Syrie. Hagai Levi parle de cette deuxième saison comme d’une « saison des fantômes ». Au fil des épisodes, les personnages sont amenés à revisiter leur passé, à la rencontre de ce qui les hante.

 

Eric Toledano : Le psychiatre et psychanalyste Serge Hefez est intervenu comme consultant au cours du processus d’écriture. Il nous a aidés, avec l’équipe de scénaristes dirigés par Clémence Madeleine-Perdrillat, à aller plus loin dans la déconstruction de nos personnages. Inès, Robin, Lydia et Alain sont tous, au départ, enfermés dans un schéma. Progressivement, ils se mettent à nu. Tout comme Dayan avec Claire, sa nouvelle superviseuse. Ce dévoilement des différentes strates qui forment l’épaisseur de chacun se déroule à la manière d’une enquête à suspense. De ce point de vue, cette saison a été construite comme un ascenseur émotionnel.

 

 

Quelle forme concrète prend votre rôle de chefs d’orchestre dans l’élaboration de la série ?

Olivier Nakache : Plus encore que sur la première saison, le travail a été collectif. La nouvelle équipe de scénaristes et de réalisateurs nous permettait d’éviter toute forme de répétition. À partir du moment où l’équipe est établie, notre rôle consiste à coordonner au mieux l’écriture, la mise en scène, le casting, le montage ainsi que la post production de tous les épisodes. On fonctionne comme une interface à chacune de ces étapes, en essayant d’insuffler l’énergie et la cohésion adéquate.

 

Eric Toledano : Nous avons commencé par échanger avec les scénaristes sur la manière d’adapter des personnages créés par Hagai Levi dans « BeTipul ». Une fois les scénarios écrits, nous avons organisé des lectures avec chacun des réalisateurs. Emmanuelle Bercot, Agnès Jaoui, Arnaud Desplechin et Emmanuel Finkiel ont des styles bien à eux. Nous souhaitions les laisser exprimer leur talent, tout en veillant à l’unité de l’ensemble.

 

 

Même état d’esprit pour le casting ?

Olivier Nakache : Oui. Réalisateurs et réalisatrices étaient impliqués dès l’écriture pour s’emparer de leurs personnages, et le choix des comédiens a été discuté collectivement. Il y a eu des évidences : Eye Haïdara, qu’on avait eu la chance de faire jouer dans Le sens de la fête, Charlotte Gainsbourg, qu’on connaissait depuis Samba et avec qui Emmanuel Finkiel avait très envie de travailler, Jacques Weber qui s’est avéré idéal pour incarner Alain dans les épisodes mis en scène par Emmanuelle Bercot. Nous avons effectué plus de recherches pour les autres personnages, mais à la fin le choix s’est toujours imposé : Suzanne Lindon pour Lydia, Aliocha Delmotte qui joue le jeune Robin dans les épisodes que nous avons dirigés.

 

Eric Toledano : C’est un travail collectif et captivant que nous avons effectué comme pour la saison précédente, en collaboration étroite avec Yaël Fogiel et Laetitia Gonzalez, les productrices des Films du Poisson, et dans lequel nous sommes partie prenante puisque nous avons réalisé huit épisodes de cette nouvelle saison.

 

Propos recueillis par Jonathan Lennuyeux-Comnène