28 FÉVRIER 2011

Jacques Boudet, patriarche tranquille de la tribu Guédiguian

Grand corps massif, habitué des seconds rôles au cinéma, cet acteur de théâtre a trouvé avec la tribu Guédiguian une famille dont il est, souvent, le patriarche.

Sur scène, il a joué les grands auteurs sous la direction de metteurs en scènes les plus divers, de Patrice Chéreau à Robert Hossein, de Beno Besson à Jérôme Savary... A l’écran, il est l’un de ces seconds rôles familiers, grande silhouette que l'on croise depuis les années 70 aussi bien dans un film d' Andrzej Zulawski (L’Important, c’est d’aimer) que chez Etienne Chatiliez (La confiance règne).

C’est grâce à Marcel Bluwal, professeur d’Ariane Ascaride au Conservatoire National de Paris, que Robert Guédiguian rencontre Jacques Boudet en 1977. Le courant passe immédiatement entre le marseillais et le Montpelliérain… Ils n’ont pas que l’accent méridional en commun : d’origine espagnole, Jacques Boudet est fils d’un militant communiste. Dès Rouge Midi, le deuxième film de Guédiguian, Jacques Boudet est présent dans le rôle du fada qui traine ses guêtres à l’Estaque et lorgne sous les jupes de Maggiorina (Ariane Ascaride). Il sera ensuite le patron de bar de Dieu vomit les tièdes qui a accroché un grand portrait de Che Guevara et se plaint du fait que plus personne, à part la bande des quatre amis d’enfance qui se retrouvent chez lui, ne sache qui il est... Au delà de sa présence remarquable et de son grand talent d’acteur de composition, il est souvent une conscience dans ces films, et la trace d’un passé que le réalisateur insère dans tous ses récits, comme lorsqu’il déclare dans Dieu vomit les tièdes : «Avant, on était pauvres, mais on était pauvres ensemble !» Habitant de la cité ide L’argent fat le bonheur et fan de Johnny Hallyday ; il est papa Carlossa, père d’Ariane Ascaride et Gérard Meylan encore fracassé par la guerre d’Espagne dans A la vie, à la mort !; Justin, l’ex instituteur amoureux de Pascale Roberts dans Marius et Jeannette ; le logeur généreux de A la place du cœur, Pépé Moliterno à nouveau père d’Ascaride et Meylan dans A l’attaque !; père de Jean-Pierre Darroussin dans La ville est tranquille ; patient philosophe dans Marie-Jo et ses deux amours ; père d’Ariane Ascaride dans Mon père est ingénieur et Henri, vieux gangster alité dans Lady Jane.

Isabelle Danel