03 JUIN 2017

Jeune cinéma - Christophe Pellet: Colonel Redl

" Une tragédie glacée, qui se déploie au sein d'une mise en scène ressentie, réfléchie et voulue absolument classique. L'acteur Klaus-Maria Brandauer, dans le cadre rigide de cette mise en scène étouffante, se débat superbement : loque pantelante et hystérique dans l'ultime scène d'un chemin de croix qui n'aboutit à aucune résurrection. Le décor, la photographie, les costumes même, enserrent l'acteur, qui se cogne aux limites du cadre imposées par le réalisateur, et parcourt l'espace dans tous les sens, emprisonné par l'esthétique du film. Colonel Redl est l'œuvre d'un grand humaniste : car même s'il ne prend jamais parti pour l'un ou l'autre des camps (ni Redl, ni l'organisation militaire de l'empire ne sont sympathiques) Itsvan Szabo nous révèle les dessous obscurs du fanatisme. Et pour les combattre c'est à la liberté d'expression et au courage d'être soi-même son unique guide et juge, qu'il en appelle. Après avoir dépeint la montée du nazisme dans Mephisto (1981), Itsvan Szabo s'attache ici à la décadence de l'empire austro-hongrois. Dans les deux films, les bouleversements tragiques de l'Histoire sont éclairés par les actes d'un individu. L'Histoire devient alors la scène d'un théâtre sanglant et les hommes qui la traversent, des comédiens saisis par une horrible tragédie. Ainsi s'élabore, film après film, l'œuvre d'un très grand cinéaste."

" Une tragédie glacée, qui se déploie au sein d'une mise en scène ressentie, réfléchie et voulue absolument classique. L'acteur Klaus-Maria Brandauer, dans le cadre rigide de cette mise en scène étouffante, se débat superbement : loque pantelante et hystérique dans l'ultime scène d'un chemin de croix qui n'aboutit à aucune résurrection. Le décor, la photographie, les costumes même, enserrent l'acteur, qui se cogne aux limites du cadre imposées par le réalisateur, et parcourt l'espace dans tous les sens, emprisonné par l'esthétique du film.

Colonel Redl est l'œuvre d'un grand humaniste : car même s'il ne prend jamais parti pour l'un ou l'autre des camps (ni Redl, ni l'organisation militaire de l'empire ne sont sympathiques) Itsvan Szabo nous révèle les dessous obscurs du fanatisme. Et pour les combattre c'est à la liberté d'expression et au courage d'être soi-même son unique guide et juge, qu'il en appelle.

Après avoir dépeint la montée du nazisme dans Mephisto (1981), Itsvan Szabo s'attache ici à la décadence de l'empire austro-hongrois. Dans les deux films, les bouleversements tragiques de l'Histoire sont éclairés par les actes d'un individu. L'Histoire devient alors la scène d'un théâtre sanglant et les hommes qui la traversent, des comédiens saisis par une horrible tragédie. Ainsi s'élabore, film après film, l'œuvre d'un très grand cinéaste."