Jia Zhang-ke : "Chacun y trouvera une part de soi-même... “
Le réalisateur de "Still life" explique comment il a mêlé documentaire et fiction pour rendre compte des mutations de la Chine contemporaine...
"Ce film est composé de récits de fiction autour de 3 femmes et de témoignages de 5 ouvriers qui font part de leurs souvenirs. Mettre en parallèle le documentaire et la fiction était pour moi la meilleure façon d’affronter l’histoire de la Chine entre 1958 et 2008. Cette histoire est simultanément construite par les faits et par l’imagination.
L’histoire se déroule dans une usine militaire d’Etat qui existe depuis 60 ans. Ce lieu a connu tous les mouvements politiques de la Chine communiste. Je ne cherche pas à organiser l’histoire mais à comprendre cette expérience socialiste, qui dure depuis près de 100 ans et qui a affecté le destin du peuple chinois. Afin de comprendre ces changements sociaux complexes, il faut écouter avec attention les témoignages des protagonistes.
Les films contemporains s’appuient de plus en plus sur l’action. J’aimerais que ce film retourne au langage. Pour certains, la “narration” doit se traduire en mouvements capturés par la caméra. J’aimerais que les sentiments les plus profonds et les expériences les plus complexes soient exprimés par la narration. Quelle que soit l’époque, tous les individus et leurs expériences doivent être pris en compte.
Il y a 8 ouvriers chinois dans 24 City, je pense que chacun y trouvera une part de soi-même..."
Jia Zhang-ke