28 FÉVRIER 2011

Kad Merad : " Un anar du quotidien"

"Un personnage très différent de ce que j'avais joué au cinéma auparavant", explique le comédien à propos de Paul qu'il interprète dans "J'invente rien".

Qu'est-ce qui vous a séduit dans le scénario de Michel Leclerc ?Kad Merad : "J'ai trouvé qu'il avait un univers vraiment singulier et qu'il s'inscrivait à contre-courant de la plupart des comédies actuelles, souvent très formatées. Son scénario mêle une histoire romantique à des éléments absurdes et surnaturels, et c'est très, très rare dans le cinéma d'aujourd'hui.

Comment pourriez-vous définir votre personnage ?C'est un personnage assez lunaire et peu concerné par la vie. Il est persuadé qu'il n'a pas besoin du système et qu'il peut rester détaché des contingences du quotidien. C'est un être libre. D'ailleurs, au départ, on a du mal à l'imaginer avec une femme car il tient énormément à son indépendance. C'est un personnage très différent de ce que j'avais joué au cinéma auparavant, ou des rôles qu'on m'a proposés ensuite.

Est-ce que vous vous reconnaissez un peu dans Paul ?Oui, j'ai été beaucoup comme lui à une certaine époque, même si je le suis moins aujourd'hui : je suis désormais obligé d'aller bosser !

Il a un petit côté anar…C'est un anar passif, un anar du quotidien. Il n'ira sans doute pas se battre pour de grandes causes, mais il refuse de rentrer dans le jeu social.

Comment vous êtes-vous approprié le personnage ?J'ai essayé de le rendre maladroit et embarrassé de ce grand corps qui l'encombre. Les costumes m'ont également beaucoup aidé : ses grandes vestes bleues lui donnent une dimension décalée. J'ai aussi travaillé la démarche un peu gauche du personnage.

Comment Michel Leclerc dirige-t-il les comédiens ?Il n'est pas dirigiste sur le plateau. Il laisse beaucoup de liberté aux comédiens pour faire des propositions. C'est très agréable car j'avais parfois l'impression d'être dans un reportage pris sur le vif, d'autant que le film a presque entièrement été tourné en plans-séquences, caméra à l'épaule. Pour autant, Michel savait très bien ce qu'il voulait et on effectuait pas mal de répétitions avant les prises.

Comment s'est passée votre collaboration avec Elsa Zylberstein ?Nous sommes devenus très rapidement complices et on a beaucoup ri en dehors du plateau. Du coup, l'histoire d'amour entre nous s'est passée avec beaucoup de facilité, sans tabous, ce qui nous a aidés à faire jaillir l'émotion.