08 AOÛT 2018

L'Humanité - Aurore Garot: La Fête est finie

"En s’inspirant de sa vie personnelle, Marie Garel-Weiss insuffle à son film une sincérité déconcertante en s’emparant à bras-le-corps, sans timidité ni complaisance, de la difficulté de sortir de la toxicomanie. À l’écran, pas de scènes morbides, pas de dealers, pas d’hallucinations, mais deux jeunes femmes qui essayent de résister à leurs propres démons, par le biais d’un processus douloureux de réhabilitation qui ne tient qu’à un fil. « Parfois, la drogue ou l’alcool ne sont pas le symptôme d’une envie de mourir, mais au contraire d’une telle envie de vivre que tu as du mal à la canaliser », explique la réalisatrice lors des entretiens qu’elle donne en accompagnement du film. Qu’importent les raisons de leur prise de substances. La Fête est finie se focalise sur leur désir de s’en sortir et la peur de rechuter, qui s’entremêlent. Leur expulsion du centre, qui les oblige à assumer leur liberté et à affronter seules la vie, révèle ce qu’elles sont : deux véritables bombes à retardement, prêtes à exploser à tout moment. Céder ou résister, choisir entre sa raison et son addiction, sa zone de confort ou l’inconnu… Marie Garel-Weiss fait vivre aux spectateurs les souffrances des personnages qui ne luttent pas contre les autres, mais contre elles-mêmes et contre leur dépendance… Cette tension permanente instaure un suspense qui empêche de deviner comment elles s’en sortiront et si leur amitié résistera. La puissance de ce premier long métrage de la scénariste d’Atomik Circus n’aurait pas été possible sans le jeu extraordinaire de Zita Hanrot et Clémence Boisnard, toutes les deux récompensées par le prix d’interprétation féminine aux festivals de Sarlat et de Saint-Jean-de-Luz. La première nous avait déjà montré sa douceur et sa beauté dans le film de Philippe Faucon Fatima, pour lequel elle remporta le césar du meilleur espoir féminin en 2016. Avec La fête est finie, son talent atteint à un degré supérieur, avec l’aide de Clémence Boisnard, qui a su insuffler une forte charge émotionnelle à son personnage. Ensemble, elles apportent l’authenticité et l’intensité qui rendent le film si percutant. Le spectateur ne peut être qu’hypnotisé par les visages de Céleste et Sihem, reflets de leur détresse et de leur fragilité. Mais aussi de leur rage de vivre. Céleste ne cesse de dire qu’elle veut mourir au début du film. Pourtant, son énergie, son humour et son caractère explosif révèlent au fur et à mesure le contraire. Elle veut vivre, mais a la sensation de ne pas pouvoir y arriver toute seule, sans son amie. Sihem paraît plus indépendante, mais cache en vérité une vulnérabilité qui la rend presque plus dépendante de Céleste. Leur amitié est tellement fusionnelle qu’elle est considérée par le thérapeute du centre comme une nouvelle forme d’addiction, cette fois-ci affective et qui les menace. À leur exclusion, c’est pourtant tout ce qui leur reste. N’est-elle qu’un substitut de la drogue ou un lien sincère ? Va-t-elle les détruire ou les aider à se relever ? Le film nous fait pencher d’un côté puis d’un autre, nous laissant ainsi maître de décider. Tout sauf tragique, La Fête est finie est porteur d’une énergie, celle qui pousse à se battre pour vivre. Qu’importe la durée d’abstinence, celle de Céleste et Sihem est applaudie avec la même force, car elle reflète le désir d’une renaissance."

"En s’inspirant de sa vie personnelle, Marie Garel-Weiss insuffle à son film une sincérité déconcertante en s’emparant à bras-le-corps, sans timidité ni complaisance, de la difficulté de sortir de la toxicomanie. À l’écran, pas de scènes morbides, pas de dealers, pas d’hallucinations, mais deux jeunes femmes qui essayent de résister à leurs propres démons, par le biais d’un processus douloureux de réhabilitation qui ne tient qu’à un fil. « Parfois, la drogue ou l’alcool ne sont pas le symptôme d’une envie de mourir, mais au contraire d’une telle envie de vivre que tu as du mal à la canaliser », explique la réalisatrice lors des entretiens qu’elle donne en accompagnement du film. Qu’importent les raisons de leur prise de substances. La Fête est finie se focalise sur leur désir de s’en sortir et la peur de rechuter, qui s’entremêlent. Leur expulsion du centre, qui les oblige à assumer leur liberté et à affronter seules la vie, révèle ce qu’elles sont : deux véritables bombes à retardement, prêtes à exploser à tout moment. Céder ou résister, choisir entre sa raison et son addiction, sa zone de confort ou l’inconnu… Marie Garel-Weiss fait vivre aux spectateurs les souffrances des personnages qui ne luttent pas contre les autres, mais contre elles-mêmes et contre leur dépendance… Cette tension permanente instaure un suspense qui empêche de deviner comment elles s’en sortiront et si leur amitié résistera.

La puissance de ce premier long métrage de la scénariste d’Atomik Circus n’aurait pas été possible sans le jeu extraordinaire de Zita Hanrot et Clémence Boisnard, toutes les deux récompensées par le prix d’interprétation féminine aux festivals de Sarlat et de Saint-Jean-de-Luz. La première nous avait déjà montré sa douceur et sa beauté dans le film de Philippe Faucon Fatima, pour lequel elle remporta le césar du meilleur espoir féminin en 2016. Avec La fête est finie, son talent atteint à un degré supérieur, avec l’aide de Clémence Boisnard, qui a su insuffler une forte charge émotionnelle à son personnage. Ensemble, elles apportent l’authenticité et l’intensité qui rendent le film si percutant. Le spectateur ne peut être qu’hypnotisé par les visages de Céleste et Sihem, reflets de leur détresse et de leur fragilité. Mais aussi de leur rage de vivre. Céleste ne cesse de dire qu’elle veut mourir au début du film. Pourtant, son énergie, son humour et son caractère explosif révèlent au fur et à mesure le contraire. Elle veut vivre, mais a la sensation de ne pas pouvoir y arriver toute seule, sans son amie. Sihem paraît plus indépendante, mais cache en vérité une vulnérabilité qui la rend presque plus dépendante de Céleste. Leur amitié est tellement fusionnelle qu’elle est considérée par le thérapeute du centre comme une nouvelle forme d’addiction, cette fois-ci affective et qui les menace. À leur exclusion, c’est pourtant tout ce qui leur reste. N’est-elle qu’un substitut de la drogue ou un lien sincère ? Va-t-elle les détruire ou les aider à se relever ? Le film nous fait pencher d’un côté puis d’un autre, nous laissant ainsi maître de décider.

Tout sauf tragique, La Fête est finie est porteur d’une énergie, celle qui pousse à se battre pour vivre. Qu’importe la durée d’abstinence, celle de Céleste et Sihem est applaudie avec la même force, car elle reflète le désir d’une renaissance."