03 JUIN 2017

L'Humanité - Dominique Wideman: Gare du Nord

" Une gare, c’est d’abord le tumulte des rames, les fulgurances auditives des passages de tunnels, des lustres de néons. C’est surtout tout un peuple à pas qui se perdent peu. Tout au moins en apparence (...) Claire Simon, par le biais de la fiction, procède à toutes sortes d’hybridations, cristallise le sensible et fait émerger les aspérités de ce qui compose sens et non-sens de notre société. La fiction, néanmoins, n’est pas un prétexte. Mathilde et Ismaël vont s’aimer dans l’espace-temps de la gare. On la visite, bien sûr, des aiguillages aux postes de commandes, aux chambres secrètes qui, pareilles à des alcôves, abritent les amants fugaces. Faire l’amour dans une gare, c’est comme partout et nulle part. Mathilde, à la veille d’une opération, est taraudée par une peur qui redouble ses battements de cœur. Ismaël, qui n’a pas la moitié de son âge, l’aime comme une évidence. Pourtant, jours et nuits se confondent, soufflent le chaud et le froid. Mais dans les gares, il fait toujours un temps d’horloge. Claire Simon fait surgir l’ordinaire et ses extras, cadre un fragment de paysage, serre sur un visage un plan dont la durée permet l’amorce d’une lecture, laisse filer une foule de spectres dont nous sommes, incarne, par un livre prélevé aux mégots, la promesse de l’aube."

" Une gare, c’est d’abord le tumulte des rames, les fulgurances auditives des passages de tunnels, des lustres de néons. C’est surtout tout un peuple à pas qui se perdent peu. Tout au moins en apparence (...) Claire Simon, par le biais de la fiction, procède à toutes sortes d’hybridations, cristallise le sensible et fait émerger les aspérités de ce qui compose sens et non-sens de notre société.

La fiction, néanmoins, n’est pas un prétexte. Mathilde et Ismaël vont s’aimer dans l’espace-temps de la gare. On la visite, bien sûr, des aiguillages aux postes de commandes, aux chambres secrètes qui, pareilles à des alcôves, abritent les amants fugaces. Faire l’amour dans une gare, c’est comme partout et nulle part. Mathilde, à la veille d’une opération, est taraudée par une peur qui redouble ses battements de cœur. Ismaël, qui n’a pas la moitié de son âge, l’aime comme une évidence. Pourtant, jours et nuits se confondent, soufflent le chaud et le froid. Mais dans les gares, il fait toujours un temps d’horloge. Claire Simon fait surgir l’ordinaire et ses extras, cadre un fragment de paysage, serre sur un visage un plan dont la durée permet l’amorce d’une lecture, laisse filer une foule de spectres dont nous sommes, incarne, par un livre prélevé aux mégots, la promesse de l’aube."