07 JUIN 2017

L'Humanité - Michel Guilloux: Familles, je vous hais

" On n’est pas heureux quand on a dix-sept ans dans une famille émargeant à certain parti d’extrême droite. Ayant aiguisé ses premières armes au cinéma comme assistant-réalisateur avant de passer au court métrage, Bruno Bontzolakis s’exerce ici sur une distance plus « longue » et un sujet périlleux. Thierry (Yvan Kolnik) est un jeune homme brun attirant mais, ayant arrêté ses études, il travaille dans un de ces bars populaires qui font la saveur du Nord. Il est amoureux de Jessica (Caroline Trousselard), lycéenne pour qui les parents rêvent d’un avenir BCBG. Le récit tire plusieurs fils, l’indécision du désir, la difficulté de partir hors de la sphère familiale - le conflit de générations comme on dit - et, traité de manière subtile, cette famille de petits artisans du bâtiment, où le paternalisme et le poujadisme en arrivent à faire coller des affiches pour ledit parti par le patron et ses jeunes ouvriers. Là où la charge, ou la démagogie auraient pu se mettre en travers du film, le cinéaste parvient à traiter par l’empathie (qui n’est pas la sympathie) ses personnages, interprétés de manière juste et crédible (notamment celui du père tenu par Denis Cacheux) dans leur complexité. L’ensemble se construit autour du rôle de Thierry, tiraillé entre un désir triplement conflictuel : vis-à-vis de ses sentiments, contre l’opposition de ces petits fachos déclassés et par rapport à une mère seule complètement désarmée face à sa vie. Si on peut regretter quelques faiblesses de mise en scène et de montage, qui amenuisent le rythme de l’ensemble, il n’en reste pas moins que « Famille je vous hais » développe un propos humain rarement vu de cette manière à l’écran."

" On n’est pas heureux quand on a dix-sept ans dans une famille émargeant à certain parti d’extrême droite. Ayant aiguisé ses premières armes au cinéma comme assistant-réalisateur avant de passer au court métrage, Bruno Bontzolakis s’exerce ici sur une distance plus « longue » et un sujet périlleux. Thierry (Yvan Kolnik) est un jeune homme brun attirant mais, ayant arrêté ses études, il travaille dans un de ces bars populaires qui font la saveur du Nord. Il est amoureux de Jessica (Caroline Trousselard), lycéenne pour qui les parents rêvent d’un avenir BCBG.

Le récit tire plusieurs fils, l’indécision du désir, la difficulté de partir hors de la sphère familiale - le conflit de générations comme on dit - et, traité de manière subtile, cette famille de petits artisans du bâtiment, où le paternalisme et le poujadisme en arrivent à faire coller des affiches pour ledit parti par le patron et ses jeunes ouvriers.

Là où la charge, ou la démagogie auraient pu se mettre en travers du film, le cinéaste parvient à traiter par l’empathie (qui n’est pas la sympathie) ses personnages, interprétés de manière juste et crédible (notamment celui du père tenu par Denis Cacheux) dans leur complexité. L’ensemble se construit autour du rôle de Thierry, tiraillé entre un désir triplement conflictuel : vis-à-vis de ses sentiments, contre l’opposition de ces petits fachos déclassés et par rapport à une mère seule complètement désarmée face à sa vie. Si on peut regretter quelques faiblesses de mise en scène et de montage, qui amenuisent le rythme de l’ensemble, il n’en reste pas moins que « Famille je vous hais » développe un propos humain rarement vu de cette manière à l’écran."