28 FÉVRIER 2011

La forme d'une ville et le corps d'une femme...

"Je pourrais dire que dans ce film, il y a deux corps, celui de Beyrouth, et celui de Soraya. Ils sont comme deux parallèles, c’est-à-dire qu’ils sont semblables, mais qu’ils ne se rencontrent pas " explique Ghassan Salhab, le réalisateur de "Terra incognita".

" La forme d’une ville change plus vite hélas que le cœur d’un mortel", écrivait Baudelaire. A Beyrouth, c’est allé terriblement vite. Une grande partie de la ville a été détruite de 1975 à 1991, son centre quasiment rasé, puis reconstruit, ou en voie de reconstruction.Au centre ville, sous les décombres de la guerre, on a découvert des ruines de civilisations passées... On savait bien que sous Beyrouth, il y avait d’autres couches de Beyrouth... Les ruines, toujours les ruines...Le Liban, pays supposé touristique, veut vendre son passé « passé » tout en camouflant autant qu’il peut son passé « présent ». On ne va pas tout de même attirer les touristes avec les ruines récentes ! [...]C’est une ville où la mer, l’horizon et le ciel sont extrêmement présents. Le regard peut se perdre. En même temps, c’est la ville de la voiture. Elle n’est pas conçue pour le piéton. C’est une ville anarchique, un méli-mélo architectural et urbain.J’ai travaillé ce paradoxe : l’ampleur du ciel, de la mer, des paysages, quand on sort de la ville, et le cloisonnement de la voiture.Je pourrais dire que dans ce film, il y a deux corps, celui de Beyrouth, et celui de Soraya. Le corps de Soraya et celui de la ville. Et ils sont comme deux parallèles, c’est-à-dire qu’ils sont semblables, mais qu’ils ne se rencontrent pas. Comment pourraient-ils se rencontrer ? A Beyrouth, tout au plus, on se croise. "

Ghassan Salhab