07 JUIN 2017

La Revue du cinéma - Gilles Colpart: La Discrète

" Il fut un temps où les femmes se collaient sur le visage ou sur les seins, pour faire ressortir la blancheur de leur peau, un petit morceau de taf­fetas noirqu'on appelait une« mouche ». Il y avait la galante, l'enjouée, la coquette, d'autres en­core. Celle portée sur le menton, «comme vous ce grain de beauté» dit Antoine à sa jeune conquête, s'appelait «la discrète». Et voilà la jeune fille affublée du mot, comme un doux sur­nom, qui lui va à ravir et imprime au film un ton que rien ne démentira. En intitulant ainsi son premier long métrage, Christian Vincent l'inscrit d'emblée dans la lignée des écrits du XVIIIe siè­cle, de Marivaux aux Liaisons dangereuses, dont scénario et dialogues retrouvent la grâce d'observation et l'élégance de style. Et ceci au fil des aléas du jeu pervers de la séduction et du cynisme ludique mené par un libertin plus proche d'un luron gambadeur et quelque peu infantile que de la noirceur du Don Juan mythique (...) Avec son regard pétillant et complice, sa fausse naïve­té, sa juvénilité sans âge, Fabrice Luchini incarne ce personnage presque aux limites de l'autoparodie. Dans ce film de l'analyse subtile des senti­ments et des pièges amoureux où prédomine le verbe, le beau verbe (parcours obligé pour une action située dans le monde littéraire !), l'ap­proche des personnages et leurs échanges sont d'une rare finesse..."

" Il fut un temps où les femmes se collaient sur le visage ou sur les seins, pour faire ressortir la blancheur de leur peau, un petit morceau de taf­fetas noirqu'on appelait une« mouche ». Il y avait la galante, l'enjouée, la coquette, d'autres en­core. Celle portée sur le menton, «comme vous ce grain de beauté» dit Antoine à sa jeune conquête, s'appelait «la discrète». Et voilà la jeune fille affublée du mot, comme un doux sur­nom, qui lui va à ravir et imprime au film un ton que rien ne démentira. En intitulant ainsi son premier long métrage, Christian Vincent l'inscrit d'emblée dans la lignée des écrits du XVIIIe siè­cle, de Marivaux aux Liaisons dangereuses, dont scénario et dialogues retrouvent la grâce d'observation et l'élégance de style. Et ceci au fil des aléas du jeu pervers de la séduction et du cynisme ludique mené par un libertin plus proche d'un luron gambadeur et quelque peu infantile que de la noirceur du Don Juan mythique (...)

Avec son regard pétillant et complice, sa fausse naïve­té, sa juvénilité sans âge, Fabrice Luchini incarne ce personnage presque aux limites de l'autoparodie.

Dans ce film de l'analyse subtile des senti­ments et des pièges amoureux où prédomine le verbe, le beau verbe (parcours obligé pour une action située dans le monde littéraire !), l'ap­proche des personnages et leurs échanges sont d'une rare finesse..."