La Revue du cinéma - Gilles Colpart: La Discrète
" Il fut un temps où les femmes se collaient sur le visage ou sur les seins, pour faire ressortir la blancheur de leur peau, un petit morceau de taffetas noirqu'on appelait une« mouche ». Il y avait la galante, l'enjouée, la coquette, d'autres encore. Celle portée sur le menton, «comme vous ce grain de beauté» dit Antoine à sa jeune conquête, s'appelait «la discrète». Et voilà la jeune fille affublée du mot, comme un doux surnom, qui lui va à ravir et imprime au film un ton que rien ne démentira. En intitulant ainsi son premier long métrage, Christian Vincent l'inscrit d'emblée dans la lignée des écrits du XVIIIe siècle, de Marivaux aux Liaisons dangereuses, dont scénario et dialogues retrouvent la grâce d'observation et l'élégance de style. Et ceci au fil des aléas du jeu pervers de la séduction et du cynisme ludique mené par un libertin plus proche d'un luron gambadeur et quelque peu infantile que de la noirceur du Don Juan mythique (...) Avec son regard pétillant et complice, sa fausse naïveté, sa juvénilité sans âge, Fabrice Luchini incarne ce personnage presque aux limites de l'autoparodie. Dans ce film de l'analyse subtile des sentiments et des pièges amoureux où prédomine le verbe, le beau verbe (parcours obligé pour une action située dans le monde littéraire !), l'approche des personnages et leurs échanges sont d'une rare finesse..."
Avec son regard pétillant et complice, sa fausse naïveté, sa juvénilité sans âge, Fabrice Luchini incarne ce personnage presque aux limites de l'autoparodie.
Dans ce film de l'analyse subtile des sentiments et des pièges amoureux où prédomine le verbe, le beau verbe (parcours obligé pour une action située dans le monde littéraire !), l'approche des personnages et leurs échanges sont d'une rare finesse..."