03 JUIN 2017

Le Matin - Pierre Donnadieu, 13/05/1977: Obsession

" ... Parce que Brian de Palma joue cette fois — non pas sur le surnaturel, l’effroi ou la surprise (il définit son film comme une « drame romantique à suspense »), mais sur la révélation suspendue, il est difficile de parler d'Obsession sans déflorer son histoire. L'auteur y développe une nouvelle fois un de ses thèmes majeurs : la gémellité, le dédoublement. De cette rencontre entre deux femmes, identiques et pourtant différentes, naît un trouble profond. A noter ici l'étonnante composition de Geneviève Bujold, qui vieillit, rajeunit, change de langue, de nationalité... Michaël — interprété avec beaucoup de justesse par Cliff Robertson — s’est changé en roc, est devenu imperméable à toute émotion depuis la disparition de sa femme. Lorsque des sentiments renaîtront en lui, quinze ans plus tard, ils n'en paraîtront que plus alarmants... L’affiliation avec Hitchcock — maître déclaré de Brian de Palma se situe du côté de l’intelligence, de la maîtrise, du jeu, du classicisme d’un certain type du cinéma. Avec respect et humour, l’élève se réfère au maître en jalonnant son récit de correspondances plus précises : le thème de la confusion entre deux femmes évoque Vertigo, la situation de la jeune femme dans sa nouvelle maison peut rappeler Rebècca, etc. Quant à la musique, remarquablement efficace, elle est signée Bernard Herrmann, l’un des plus grands musiciens hitchcockiens. Obsession est d’autant plus séduisant qu’il est l’occasion pour son auteur de renoncer à certains effets de mise en scène, spectaculaires et gratuits, qu’il s’était autorisés dans ses précédents films. La caméra de Brian de Palma est ici parfaitement contrôlée, découpant les situations et les personnages avec douceur et précision. Moins violent que Sisters ou Carrie, Obsession est un film tout aussi fort, et sans doute beaucoup plus réussi formellement. "

" ... Parce que Brian de Palma joue cette fois — non pas sur le surnaturel, l’effroi ou la surprise (il définit son film comme une « drame romantique à suspense »), mais sur la révélation suspendue, il est difficile de parler d'Obsession sans déflorer son histoire. L'auteur y développe une nouvelle fois un de ses thèmes majeurs : la gémellité, le dédoublement. De cette rencontre entre deux femmes, identiques et pourtant différentes, naît un trouble profond. A noter ici l'étonnante composition de Geneviève Bujold, qui vieillit, rajeunit, change de langue, de nationalité...

Michaël — interprété avec beaucoup de justesse par Cliff Robertson — s’est changé en roc, est devenu imperméable à toute émotion depuis la disparition de sa femme. Lorsque des sentiments renaîtront en lui, quinze ans plus tard, ils n'en paraîtront que plus alarmants...

L’affiliation avec Hitchcock — maître déclaré de Brian de Palma se situe du côté de l’intelligence, de la maîtrise, du jeu, du classicisme d’un certain type du cinéma. Avec respect et humour, l’élève se réfère au maître en jalonnant son récit de correspondances plus précises : le thème de la confusion entre deux femmes évoque Vertigo, la situation de la jeune femme dans sa nouvelle maison peut rappeler Rebècca, etc. Quant à la musique, remarquablement efficace, elle est signée Bernard Herrmann, l’un des plus grands musiciens hitchcockiens.

Obsession est d’autant plus séduisant qu’il est l’occasion pour son auteur de renoncer à certains effets de mise en scène, spectaculaires et gratuits, qu’il s’était autorisés dans ses précédents films. La caméra de Brian de Palma est ici parfaitement contrôlée, découpant les situations et les personnages avec douceur et précision. Moins violent que Sisters ou Carrie, Obsession est un film tout aussi fort, et sans doute beaucoup plus réussi formellement. "