03 JUIN 2017

Le Mensuel du cinéma - Bernard Bénoliel: Beau fixe

" De La Discrète à Beau fixe, Christian Vincent passe de Paris au bord de mer, du marivaudage rohmérien au naturalisme façon Pascal Thomas. En même temps, d'un joli film à l'autre, demeure l'organisation d'un espace minimal et intime, le plaisir des (bons) mots, le goût de la jeunesse et par dessus tout l'idée de la cruauté, vue comme un penchant inhérent aux rapports humains. Dans Beau fixe, il y a toujours quelqu'un pour « sadiser » l'autre, il y en a toujours un (ce peut être un groupe tout entier) pour battre et un autre (seul contre tous) pour être battu. Assurant la progression du récit et l'immuabilité des comportements, le rôle du bouc émissaire tourne, passe de main en main, chaque fois exutoire commode et miroir d'un malaise. Forme de rapports qui donne à voir immédiatement la souffrance de la victime et, après coup, celle de l'agresseur, suscitant une émotion à double détente. Mais Christian Vincent ne pousse pas loin les potentialités du huis clos, juste utile à révéler les fêlures d'une jeunesse apparemment repue. Parce qu'il est amoureux de l'existence et de ses personnages, il veut rester léger, gentiment ironique, raisonnablement optimiste. Contre vents et marées, au beau fixe. Révélateur est l'acharnement de ces étudiantes en médecine à préparer un plan de révisions, organiser leur temps à venir, essayer de maîtriser en fait leur avenir pour le rendre moins inquiétant et l'obstination de la vie à rentrer par la fenêtre quand on la vire par la porte. Le hors-champ refuse d'être tenu à l'écart du cadre. Cette palpitation qui irrigue tout le film est entretenue et accélérée par des actrices et acteurs en verve, un collectif étonnamment juste. La caméra, elle, à distance, « discrète » et disponible, enregistre la vérité du moment du tournage et avec son attention, sa compassion sereine, semble promettre à ces jeunes femmes un avenir pacifié."

" De La Discrète à Beau fixe, Christian Vincent passe de Paris au bord de mer, du marivaudage rohmérien au naturalisme façon Pascal Thomas. En même temps, d'un joli film à l'autre, demeure l'organisation d'un espace minimal et intime, le plaisir des (bons) mots, le goût de la jeunesse et par dessus tout l'idée de la cruauté, vue comme un penchant inhérent aux rapports humains.

Dans Beau fixe, il y a toujours quelqu'un pour « sadiser » l'autre, il y en a toujours un (ce peut être un groupe tout entier) pour battre et un autre (seul contre tous) pour être battu. Assurant la progression du récit et l'immuabilité des comportements, le rôle du bouc émissaire tourne, passe de main en main, chaque fois exutoire commode et miroir d'un malaise. Forme de rapports qui donne à voir immédiatement la souffrance de la victime et, après coup, celle de l'agresseur, suscitant une émotion à double détente. Mais Christian Vincent ne pousse pas loin les potentialités du huis clos, juste utile à révéler les fêlures d'une jeunesse apparemment repue.

Parce qu'il est amoureux de l'existence et de ses personnages, il veut rester léger, gentiment ironique, raisonnablement optimiste. Contre vents et marées, au beau fixe. Révélateur est l'acharnement de ces étudiantes en médecine à préparer un plan de révisions, organiser leur temps à venir, essayer de maîtriser en fait leur avenir pour le rendre moins inquiétant et l'obstination de la vie à rentrer par la fenêtre quand on la vire par la porte. Le hors-champ refuse d'être tenu à l'écart du cadre.

Cette palpitation qui irrigue tout le film est entretenue et accélérée par des actrices et acteurs en verve, un collectif étonnamment juste. La caméra, elle, à distance, « discrète » et disponible, enregistre la vérité du moment du tournage et avec son attention, sa compassion sereine, semble promettre à ces jeunes femmes un avenir pacifié."