02 DÉCEMBRE 2019

Le Monde - Antoine Flandrin : Klaus Barbie, la traque

De facture classique, le film reprend de nombreuses images d’archives désormais connues. Le récit n’en demeure pas moins captivant. Il y a bien sûr la, ou plutôt les traques : celle infructueuse entreprise par la justice et les services secrets français après la guerre ; celle héroïque de Beate Klarsfeld, enchaînée devant le palais présidentiel bolivien, réclamant l’extradition de Barbie en 1972 ; ou encore celle, avortée, de Michel Cojot-Goldberg, fils de déporté, qui, une fois devant Barbie, renonça à l’assassiner. Mais ce qui frappe le plus, c’est le jeu des services secrets occidentaux qui, après la guerre, ont tout fait pour protéger Barbie, devenu un maillon essentiel dans la lutte anticommuniste en Allemagne, puis en Amérique latine. Le Counter Intelligence Corps – le CIC, qui deviendra la CIA – recrute ainsi Barbie pour repérer les communistes parmi les Français installés en Allemagne. Plutôt que de le livrer à la justice française, les Américains préféreront l’exfiltrer. L’ancien SS gagnera la Bolivie. Au service des dictateurs, il deviendra un conseiller militaire écouté, mais également un vendeur d’armes hors pair pour le compte du BND. Une ascension fulgurante, qui ne prendra fin qu’après l’élection d’un président de gauche, Hernan Zuazo. Et encore, il faudra que la France de Mitterrand livre 2 000 mitraillettes à La Paz pour obtenir enfin l’extradition du bourreau nazi. Antoine Flandrin