03 JUIN 2017

Le Monde - Isabelle Régnier: Le Filmeur

" Composé comme une partition de micro-événements dont se dégage une douce poésie, souvent teintée de drôlerie, Le Filmeur laisse s'écouler, dans ses interstices, dix années de la vie d'Alain Cavalier. Et esquisse, en filigrane, l'autoportrait d'un artiste en liaison permanente avec le monde. Sans jamais rien dévoiler d'impudique, Cavalier utilise la caméra DV pour s'approcher au plus près, capter, de son regard acéré et généreux, les détails, les petites touches qui donnent chair aux liens qui l'unissent à ce qu'il filme. Assailli par une série d'interventions chirurgicales destinées à le délivrer de l'oeuvre maligne d'un cancer de la peau, son propre visage, régulièrement scruté dans un miroir, est le support privilégié des traces de la fuite du temps (...) Sans relâche, la mort travaille le film, mais cette fascinante manière qu'a le cinéaste de la rendre visible la libère d'une partie de sa dimension tragique : appréhendée frontalement, mais avec la distance propre à ceux qu'elle a beaucoup hantés, la mort est considérée à travers le jeu, la négociation incessante qu'elle mène avec la vie (...)"Je ne supporte pas que ce que j'ai vu de touchant ou de drôle disparaisse", dit Cavalier. Et si la mort de son père survient bien, au milieu du film, l'homme, de fait, ne disparaît jamais. Comme les autres fantômes qui rôdent, ceux de Claude Sautet, de Romy Schneider ou de Jean Arthus, un jeune résistant mort fusillé en 1943, il ressurgit au gré des traces et des mystères qu'il a laissés derrière lui. Des derniers jours de Jean Arthus, l'auteur de Thérèse livre une seule évocation, celle du sacrement de l'extrême-onction, qui le renvoie par ricochet à des moments enfouis de son enfance catholique, à une réflexion sur le sacré, lesquels résonnent à leur tour lorsque, dans une église, l'auteur repense à Thérèse l'immortelle. Le film procède ainsi par motifs, qui se transforment à mesure de leurs rencontres avec d'autres, creusant en profondeur la surface de l'image numérique... "

" Composé comme une partition de micro-événements dont se dégage une douce poésie, souvent teintée de drôlerie, Le Filmeur laisse s'écouler, dans ses interstices, dix années de la vie d'Alain Cavalier. Et esquisse, en filigrane, l'autoportrait d'un artiste en liaison permanente avec le monde. Sans jamais rien dévoiler d'impudique, Cavalier utilise la caméra DV pour s'approcher au plus près, capter, de son regard acéré et généreux, les détails, les petites touches qui donnent chair aux liens qui l'unissent à ce qu'il filme. Assailli par une série d'interventions chirurgicales destinées à le délivrer de l'oeuvre maligne d'un cancer de la peau, son propre visage, régulièrement scruté dans un miroir, est le support privilégié des traces de la fuite du temps (...)

Sans relâche, la mort travaille le film, mais cette fascinante manière qu'a le cinéaste de la rendre visible la libère d'une partie de sa dimension tragique : appréhendée frontalement, mais avec la distance propre à ceux qu'elle a beaucoup hantés, la mort est considérée à travers le jeu, la négociation incessante qu'elle mène avec la vie (...)"Je ne supporte pas que ce que j'ai vu de touchant ou de drôle disparaisse", dit Cavalier. Et si la mort de son père survient bien, au milieu du film, l'homme, de fait, ne disparaît jamais. Comme les autres fantômes qui rôdent, ceux de Claude Sautet, de Romy Schneider ou de Jean Arthus, un jeune résistant mort fusillé en 1943, il ressurgit au gré des traces et des mystères qu'il a laissés derrière lui. Des derniers jours de Jean Arthus, l'auteur de Thérèse livre une seule évocation, celle du sacrement de l'extrême-onction, qui le renvoie par ricochet à des moments enfouis de son enfance catholique, à une réflexion sur le sacré, lesquels résonnent à leur tour lorsque, dans une église, l'auteur repense à Thérèse l'immortelle. Le film procède ainsi par motifs, qui se transforment à mesure de leurs rencontres avec d'autres, creusant en profondeur la surface de l'image numérique... "