03 JUIN 2017

Le Monde - Jacques Mandelbaum: Tout est pardonné

"... les mots manquent pour définir l'admiration sans réserve que suscite ce film. Maturité ? Maîtrise ? Mesure ? Sans doute, encore que ces vocables font injure à la jeunesse et au tremblé de cette oeuvre. Elégance, limpidité, profondeur seraient plus opportunes pour caractériser la stupéfiante justesse de la mise en scène, aussi précise, sensible et fulgurante qu'un rayon laser (...) Comment une telle émotion peut émaner d'une oeuvre à ce point dénuée de pathos et au style si transparent ? Trois éléments, fortement liés, oeuvrent à ce résultat. Le rapport très audacieux au temps, où des ellipses impressionnantes voisinent avec le développement d'instants pas nécessairement forts mais toujours évocateurs. Le récit essentiel qui en résulte, selon une trame lacunaire qui s'accorde elle-même à la conscience subjective et parcellaire qu'en ont les personnages. L'extraordinaire justesse enfin des acteurs qui incarnent ces personnages, depuis Paul Blain (Victor) jusqu'à Constance Rousseau (Pamela adolescente), justesse d'autant plus grande que ce film ne juge pas ses personnages mais se nourrit des raisons de chacun. Le reste, qui est sans doute l'essentiel, tient au sentiment qui a inspiré ce récit à Mia Hansen-Love, où il entre autant de lucidité que de beauté, mais de cette sorte de beauté qui est la plus rare : celle de l'âme."

"... les mots manquent pour définir l'admiration sans réserve que suscite ce film. Maturité ? Maîtrise ? Mesure ? Sans doute, encore que ces vocables font injure à la jeunesse et au tremblé de cette oeuvre. Elégance, limpidité, profondeur seraient plus opportunes pour caractériser la stupéfiante justesse de la mise en scène, aussi précise, sensible et fulgurante qu'un rayon laser (...)

Comment une telle émotion peut émaner d'une oeuvre à ce point dénuée de pathos et au style si transparent ? Trois éléments, fortement liés, oeuvrent à ce résultat. Le rapport très audacieux au temps, où des ellipses impressionnantes voisinent avec le développement d'instants pas nécessairement forts mais toujours évocateurs.

Le récit essentiel qui en résulte, selon une trame lacunaire qui s'accorde elle-même à la conscience subjective et parcellaire qu'en ont les personnages. L'extraordinaire justesse enfin des acteurs qui incarnent ces personnages, depuis Paul Blain (Victor) jusqu'à Constance Rousseau (Pamela adolescente), justesse d'autant plus grande que ce film ne juge pas ses personnages mais se nourrit des raisons de chacun.

Le reste, qui est sans doute l'essentiel, tient au sentiment qui a inspiré ce récit à Mia Hansen-Love, où il entre autant de lucidité que de beauté, mais de cette sorte de beauté qui est la plus rare : celle de l'âme."