03 JUIN 2017

Le Monde - Jean-Michel Frodon: Août

« Cette dérive somnambulique et semée de chausse-trapes évoque, parfois, After Hours, de Scorsese - noble cousinage. Aussi parce qu'elle est, de façon palpable, caniculaire. Il fait chaud, en Août. Et c'est toujours un sûr indice du talent d'un metteur en scène qu'il sache communiquer ainsi la chaleur étouffante supposée régner sur son décor (…). La rançon de pareille maîtrise est souvent la sécheresse d'un pur exercice théorique. Ecueil évité en souplesse par Henri Herré, grâce à ses interprètes. A côté de Brialy, épouvantablement convaincant en grand patron cynique et jouisseur, une solide équipe de comédiens venus du théâtre donne à la fois de l'épaisseur et de la distance à ces figures battues, mêlées, tirées et appariées comme les cartes d'un jeu dont nul ne sortira vainqueur. En perpétuel porte-à-faux, victime désignée et optimiste des vilenies du monde, Dominique Pinon campe un Blouzette à facettes, toujours à la fois drôle et pitoyable, quotidien et porteur d'une ancienne innocence. (...) Et puis il y a, cascade de rires et infinie détresse, Anouk Grinberg. C'est une merveille que cette fille-là ! Entière et fragile, irradiant l'émotion, l'appétit de vivre et le savoir des plus funestes malheurs, tel un bloc de talent enrichi d'on ne sait quelle blessure _ un " bloc " sculpté aux formes les plus avenantes. Elle pilote le film à corps éperdu, l'emballe dans le délire, effectue les plus ahurissantes volte-face d'un registre à l'autre avec un impayable aplomb. »

« Cette dérive somnambulique et semée de chausse-trapes évoque, parfois, After Hours, de Scorsese - noble cousinage. Aussi parce qu'elle est, de façon palpable, caniculaire. Il fait chaud, en Août. Et c'est toujours un sûr indice du talent d'un metteur en scène qu'il sache communiquer ainsi la chaleur étouffante supposée régner sur son décor (…). La rançon de pareille maîtrise est souvent la sécheresse d'un pur exercice théorique. Ecueil évité en souplesse par Henri Herré, grâce à ses interprètes.

A côté de Brialy, épouvantablement convaincant en grand patron cynique et jouisseur, une solide équipe de comédiens venus du théâtre donne à la fois de l'épaisseur et de la distance à ces figures battues, mêlées, tirées et appariées comme les cartes d'un jeu dont nul ne sortira vainqueur. En perpétuel porte-à-faux, victime désignée et optimiste des vilenies du monde, Dominique Pinon campe un Blouzette à facettes, toujours à la fois drôle et pitoyable, quotidien et porteur d'une ancienne innocence. (...)

Et puis il y a, cascade de rires et infinie détresse, Anouk Grinberg. C'est une merveille que cette fille-là ! Entière et fragile, irradiant l'émotion, l'appétit de vivre et le savoir des plus funestes malheurs, tel un bloc de talent enrichi d'on ne sait quelle blessure _ un " bloc " sculpté aux formes les plus avenantes. Elle pilote le film à corps éperdu, l'emballe dans le délire, effectue les plus ahurissantes volte-face d'un registre à l'autre avec un impayable aplomb. »