03 JUIN 2017

Le Monde - Jean-Michel Frodon: Les Derniers jours d'Emmanuel Kant

" ... Des vignette non en noir et blanc, mais en gris sur gris. très délicat et nuancé, pour capter par fragments le comportement d’un corps et d’un esprit face à la mort qui vient. Un sens évident de l’élégance allié à un humour fin et caustique détaillent les manies, les élans, les moments d’attente, la quête de reconnaissance, la faim toujours inassouvie de sensations, et le recul face au monde qui va poursuivre sa marche. Les intérieurs, les paysages, les silhouettes, les rituels sont baignés d’une aura qui se transmet d’une scène a l'autre, dans le double mouvement selon lequel se compose le film : à la fois une extension dans l' espace, où chaque élément a la même valeur qu’un autre et une progression dans le temps, qui avance vers un terme inexorable, lui même montré de la plus délicate maniere. Cette attention au moindre détail magnifié par un regard anoblissant, sans aucune rhétorique, évoque par moment les films de Robert Bresson. Mais un Bresson auquel manquerait l’enjeu central, qui ne serait pas ici la grâce mais la présence d’une intelligence supérieure, celle de l’auteur de Critique de la raison pure. "

" ... Des vignette non en noir et blanc, mais en gris sur gris. très délicat et nuancé, pour capter par fragments le comportement d’un corps et d’un esprit face à la mort qui vient. Un sens évident de l’élégance allié à un humour fin et caustique détaillent les manies, les élans, les moments d’attente, la quête de reconnaissance, la faim toujours inassouvie de sensations, et le recul face au monde qui va poursuivre sa marche.

Les intérieurs, les paysages, les silhouettes, les rituels sont baignés d’une aura qui se transmet d’une scène a l'autre, dans le double mouvement selon lequel se compose le film : à la fois une extension dans l' espace, où chaque élément a la même valeur qu’un autre et une progression dans le temps, qui avance vers un terme inexorable, lui même montré de la plus délicate maniere. Cette attention au moindre détail magnifié par un regard anoblissant, sans aucune rhétorique, évoque par moment les films de Robert Bresson. Mais un Bresson auquel manquerait l’enjeu central, qui ne serait pas ici la grâce mais la présence d’une intelligence supérieure, celle de l’auteur de Critique de la raison pure. "