07 JANVIER 2019

Le Monde - Mathieu Macheret : Mademoiselle de Joncquières

"Mademoiselle de Joncquières" brille d’abord par la clarté de son trait, la bonne tenue de son interprétation, sa limpidité dans l’expression des caractères comme de leurs évolutions. Faisant la part belle au texte et aux plans longs, le film épouse tout autant le cours sinueux des sentiments que la lutte intestine qu’ils recouvrent, puisque, c’est bien connu, l’amour est aussi un champ de bataille, une lutte, à celui qui prendra un réel ascendant sur l’autre, à qui joue ou sera joué. Le siècle des Lumières offre à cela le plus bel écrin qui soit, celui de sa langue, dont les comédiens restituent tout le charme. Une langue empreinte de mille subtilités, pénétrée de précision mais soumise à équivoque. Cet art de la conversation, Mouret le met en scène comme une flânerie entre parcs et jardins, dans une nature dont il extrait parfois des compositions à la Watteau, où le rythme alangui de la marche permet de joindre la réflexion au sentiment.