30 AVRIL 2020

Le Monde - Thomas Sotinel: Au bout du conte

" Il s'agit, dans les histoires qu'écrivent Jaoui et Bacri, de cerner les travers de l'époque et de les jauger à l'aune d'une morale qui se veut à la fois stricte et généreuse. Il est arrivé que le premier terme l'emporte sur le second. Au bout du conte penche du côté de la générosité et de la clémence. Les scénaristes ne croient bien sûr pas plus à la magie qu'à la religion (ils font aussi le portrait d'une jeune adolescente saisie d'un accès de foi catholique qui afflige ses parents), mais ici, ils en reconnaissent la nécessité. D'ailleurs, la mise en scène n'a rien de réaliste. Il y a des décors absurdes qui exacerbent les travers de la décoration contemporaine tout en évoquant l'univers des illustrations enfantines, le mouvement général est tour à tour frénétique et rêveur. Les acteurs se promènent eux aussi entre la stylisation et la satire sociale. Connus ou moins connus, ils sont tous remarquables. Une mention particulière pour Agathe Bonitzer. La géométrie particulière de sa beauté avait déjà frappé chez Doillon ou Videau, mais la jeune actrice s'en était jusqu'ici servie pour créer une distance, pour impressionner. Elle est ici lumineuse et fragile, une vraie princesse qui mérite un happy end, même si la fée de cette histoire – Agnès Jaoui – est une adversaire farouche des noces et des couches qui concluent d'ordinaire les contes."

" Il s'agit, dans les histoires qu'écrivent Jaoui et Bacri, de cerner les travers de l'époque et de les jauger à l'aune d'une morale qui se veut à la fois stricte et généreuse.

Il est arrivé que le premier terme l'emporte sur le second. Au bout du conte penche du côté de la générosité et de la clémence. Les scénaristes ne croient bien sûr pas plus à la magie qu'à la religion (ils font aussi le portrait d'une jeune adolescente saisie d'un accès de foi catholique qui afflige ses parents), mais ici, ils en reconnaissent la nécessité.

D'ailleurs, la mise en scène n'a rien de réaliste. Il y a des décors absurdes qui exacerbent les travers de la décoration contemporaine tout en évoquant l'univers des illustrations enfantines, le mouvement général est tour à tour frénétique et rêveur. Les acteurs se promènent eux aussi entre la stylisation et la satire sociale. Connus ou moins connus, ils sont tous remarquables. Une mention particulière pour Agathe Bonitzer.

La géométrie particulière de sa beauté avait déjà frappé chez Doillon ou Videau, mais la jeune actrice s'en était jusqu'ici servie pour créer une distance, pour impressionner. Elle est ici lumineuse et fragile, une vraie princesse qui mérite un happy end, même si la fée de cette histoire – Agnès Jaoui – est une adversaire farouche des noces et des couches qui concluent d'ordinaire les contes."