03 JUIN 2017

Le Monde - Thomas Sotinel: La fin du silence

La fin de l'automne dans les Vosges : il pleut beaucoup, il neige parfois ; la nuit l'emporte sur le jour, avec la complicité des sapins qui restent désespérément verts. Parce qu'ici, même le vert a renoncé à signifier l'espoir. La Fin du silence est un film paysager, d'abord. On sort de la projection avec la sensation presque réelle du froid humide de cette forêt qui absorbe les bruits, la lumière et les sentiments. Ce qui veut dire que Roland Edzard, plasticien qui passe ici à la mise en scène de cinéma, n'a pas raté son coup. Peu de films peuvent se prévaloir de ce pouvoir de suggestion. Le reste, ce qui d'habitude fait avancer un film - le récit, les personnages - est loin d'être aussi exceptionnel. Dans un grand châlet vit une famille : le père (Carlo Brandt), la mère (Maïa Morgenstern) et deux fils, qui ressemblent à ceux de Luc : l'aîné vertueux et le cadet prodigue. Jean (Franck Falise) est surtout prodigue de jurons et de gestes violents. Mal aimé, il fait tout pour l'être encore moins. On s'aperçoit qu'il est l'enjeu d'une rivalité entre ses parents et un couple de voisins (Thierry Frémont et Marianne Basler), rivalité qui prend bientôt un tour violent. On a parfois l'impression que ce conflit familial convenu n'est là que pour précipiter les personnages dans la nature, les forcer à courir, à tomber, à se tremper, à trembler de froid. Roland Edzard est fasciné par les coups que la nature inflige aux corps humains. Ce penchant expérimental est heureusement corrigé par l'intensité du jeu du principal protagoniste. Dans le rôle de Jean, le jeune Franck Falise impressionne par sa violence et sa grâce. On devrait souhaiter le pire à son personnage tant il fait tout pour se faire haïr. Mais la beauté du jeune acteur, l'élégance de ses mouvements - même quand il se trouve dans les situations les plus contraignantes - génèrent une fascination qui force à prendre son parti. Dans les meilleurs moments du film, les personnages agissent et sentent au rythme de la montagne qui les force à agir, si bien que la distinction entre le goût du metteur en scène pour la balistique des corps lancés par les passions et l'étude psychologique devient sans objet.

La fin de l'automne dans les Vosges : il pleut beaucoup, il neige parfois ; la nuit l'emporte sur le jour, avec la complicité des sapins qui restent désespérément verts. Parce qu'ici, même le vert a renoncé à signifier l'espoir. La Fin du silence est un film paysager, d'abord. On sort de la projection avec la sensation presque réelle du froid humide de cette forêt qui absorbe les bruits, la lumière et les sentiments.

Ce qui veut dire que Roland Edzard, plasticien qui passe ici à la mise en scène de cinéma, n'a pas raté son coup. Peu de films peuvent se prévaloir de ce pouvoir de suggestion. Le reste, ce qui d'habitude fait avancer un film - le récit, les personnages - est loin d'être aussi exceptionnel.

Dans un grand châlet vit une famille : le père (Carlo Brandt), la mère (Maïa Morgenstern) et deux fils, qui ressemblent à ceux de Luc : l'aîné vertueux et le cadet prodigue. Jean (Franck Falise) est surtout prodigue de jurons et de gestes violents. Mal aimé, il fait tout pour l'être encore moins. On s'aperçoit qu'il est l'enjeu d'une rivalité entre ses parents et un couple de voisins (Thierry Frémont et Marianne Basler), rivalité qui prend bientôt un tour violent.

On a parfois l'impression que ce conflit familial convenu n'est là que pour précipiter les personnages dans la nature, les forcer à courir, à tomber, à se tremper, à trembler de froid.

Roland Edzard est fasciné par les coups que la nature inflige aux corps humains. Ce penchant expérimental est heureusement corrigé par l'intensité du jeu du principal protagoniste.

Dans le rôle de Jean, le jeune Franck Falise impressionne par sa violence et sa grâce. On devrait souhaiter le pire à son personnage tant il fait tout pour se faire haïr. Mais la beauté du jeune acteur, l'élégance de ses mouvements - même quand il se trouve dans les situations les plus contraignantes - génèrent une fascination qui force à prendre son parti.

Dans les meilleurs moments du film, les personnages agissent et sentent au rythme de la montagne qui les force à agir, si bien que la distinction entre le goût du metteur en scène pour la balistique des corps lancés par les passions et l'étude psychologique devient sans objet.