03 JUIN 2017

Le Nouvel Observateur - Guillaume Loison: The Immigrant

" En toute logique, le cinéaste retient toute velléité de fresque lyrique. Refus de toute reconstitution dantesque, du grand angle, de la scène anthologique – on s’y était pourtant habitué. Non, les prolos ne se déplacent qu’à pied, agissent et réagissent par la seule mesquinerie (dénonciation, magouille, mensonge, coups de poignard mesquins). Le film se nourrit d’intérieurs moyens, succession à l’infini d’espaces intermédiaires, transitoires qui produit de la tension et du mouvement : un tunnel piétonnier de Central Park, la scène d’un cabaret-bordel miteux (mais pas glauque) où s’exposent les danseuses-prostituées, le confessionnal d’une Eglise auquel Gray retire toute barrière intime, le temps d’une scène tragique éblouissante. D’où un film qui se déploie presque sournoisement, sans la moindre explosion, mais qui se gorge à chaque plan d’une morbidité tragique, poisseuse tout en donnant aux personnages une majesté indéniable. Belle source d’envoûtement qui a toujours irrigué l’œuvre de James Gray et qui trouve ici une forme d’aboutissement. Ce n’est pas rien, vraiment, c’est même mieux que pas rien : grand. "

" En toute logique, le cinéaste retient toute velléité de fresque lyrique. Refus de toute reconstitution dantesque, du grand angle, de la scène anthologique – on s’y était pourtant habitué. Non, les prolos ne se déplacent qu’à pied, agissent et réagissent par la seule mesquinerie (dénonciation, magouille, mensonge, coups de poignard mesquins). Le film se nourrit d’intérieurs moyens, succession à l’infini d’espaces intermédiaires, transitoires qui produit de la tension et du mouvement : un tunnel piétonnier de Central Park, la scène d’un cabaret-bordel miteux (mais pas glauque) où s’exposent les danseuses-prostituées, le confessionnal d’une Eglise auquel Gray retire toute barrière intime, le temps d’une scène tragique éblouissante. D’où un film qui se déploie presque sournoisement, sans la moindre explosion, mais qui se gorge à chaque plan d’une morbidité tragique, poisseuse tout en donnant aux personnages une majesté indéniable. Belle source d’envoûtement qui a toujours irrigué l’œuvre de James Gray et qui trouve ici une forme d’aboutissement. Ce n’est pas rien, vraiment, c’est même mieux que pas rien : grand. "