03 JUIN 2017

Les Inrockuptibles - Bertrand Loutte: Sauve-moi

" Pour l'écriture du scénario de Sauve-moi, Christian Vincent s'en est remis à dix-sept "privés d'emploi" réunis en un atelier d'écriture autour de l'accoucheur Ricardo Montserrat. A l'arrivée, l'expérience collective se solde par le meilleur film de Vincent, déjà remis en selle en 1997 par un Je ne vois pas ce qu'on me trouve rédempteur. A croire qu'après Lens, la voûte plombée du Nord lui sied : ici c'est Roubaix qui, dès l'origine du projet, a été élu théâtre des opérations. Des opérations pourtant bien lâches, à la ligne d'horizon bouchée, peinture à l'eau stagnante du quotidien d'une bande de copains sédentaires, engoncés dans les petits boulots et les combines foireuses (taxi clandé et tombés de camion), avant que l'arrivée d'une Roumaine effervescente vienne dynamiser pour un temps leur vie à impact réduit. Chronique sociale donc, exercice pavé d'autant de mines que de bonnes intentions, jamais à l'abri du politiquement correct. Or, parce qu'à la fois particulièrement ténu et pourtant tenu de bout en bout, Sauve-moi déjoue écueils et glissades, assume fièrement son rang sans jamais verser dans la complaisance misérabiliste, la tentation Kleenex ou le sursaut spectaculaire. Il y aura bien un homicide, mais la dérive policière redoutée se prendra dans les rets d'une fiction avantageusement dévolue au surplace, pas à la résignation."

" Pour l'écriture du scénario de Sauve-moi, Christian Vincent s'en est remis à dix-sept "privés d'emploi" réunis en un atelier d'écriture autour de l'accoucheur Ricardo Montserrat. A l'arrivée, l'expérience collective se solde par le meilleur film de Vincent, déjà remis en selle en 1997 par un Je ne vois pas ce qu'on me trouve rédempteur. A croire qu'après Lens, la voûte plombée du Nord lui sied : ici c'est Roubaix qui, dès l'origine du projet, a été élu théâtre des opérations. Des opérations pourtant bien lâches, à la ligne d'horizon bouchée, peinture à l'eau stagnante du quotidien d'une bande de copains sédentaires, engoncés dans les petits boulots et les combines foireuses (taxi clandé et tombés de camion), avant que l'arrivée d'une Roumaine effervescente vienne dynamiser pour un temps leur vie à impact réduit.

Chronique sociale donc, exercice pavé d'autant de mines que de bonnes intentions, jamais à l'abri du politiquement correct. Or, parce qu'à la fois particulièrement ténu et pourtant tenu de bout en bout, Sauve-moi déjoue écueils et glissades, assume fièrement son rang sans jamais verser dans la complaisance misérabiliste, la tentation Kleenex ou le sursaut spectaculaire. Il y aura bien un homicide, mais la dérive policière redoutée se prendra dans les rets d'une fiction avantageusement dévolue au surplace, pas  à la résignation."