07 JUIN 2017

Les Inrockuptibles - Jade Lindgaard: La Dignité du peuple

" Fernando Solanas est ce qu’on appelle dans le langage commun un “cinéaste engagé, soit quelqu’un qui met la forme (ses plans, cette manière de caler d’écrasants intertitres entre les images, son découpage) au service du fond : un discours social et des revendications politiques. Cela donne à l’écran une certaine imagerie militante, faite de gros plans mécaniques sur les visages et de scènes un peu convenues de manifestations. Mais cela produit aussi le meilleur : une attention hors norme pour les plus délaissés et les plus oubliés des habitants de l’Argentine contemporaine, une exceptionnelle capacité d’écoute à l’égard des personnages croisés sur sa route, la volonté de transformer son cinéma en chambre d’écho des récits de vies enregistrés des mois durant. Dans La Dignité du peuple – dont le titre sonne plus juste en version originale, La Dignidad de los nadies, la dignité des “petits riensî dirait l’écrivaine indienne Arundhati Roy –, on découvre des villages dont les habitants sont si pauvres qu’ils ne jettent rien, où des cantines collectives nourrissent des dizaines de personnes avec un peu de polenta, de riz et d’oignons ; et les ventes de médicaments au marché noir pour pallier l’impécuniosité des hôpitaux incapables d’acheter les produits nécessaires au traitement de leurs patients. Le clou du film, c’est sa partie consacrée à l’incroyable mouvement d’agricultrices qui perturbent les ventes aux enchères des fermes hypothéquées : avec leurs fichus et leurs voix aigrelettes, elles ont inventé un style de désobéissance civile impressionnant d’humour et de ténacité."

" Fernando Solanas est ce qu’on appelle dans le langage commun un “cinéaste engagé, soit quelqu’un qui met la forme (ses plans, cette manière de caler d’écrasants intertitres entre les images, son découpage) au service du fond : un discours social et des revendications politiques. Cela donne à l’écran une certaine imagerie militante, faite de gros plans mécaniques sur les visages et de scènes un peu convenues de manifestations. Mais cela produit aussi le meilleur : une attention hors norme pour les plus délaissés et les plus oubliés des habitants de l’Argentine contemporaine, une exceptionnelle capacité d’écoute à l’égard des personnages croisés sur sa route, la volonté de transformer son cinéma en chambre d’écho des récits de vies enregistrés des mois durant.

Dans La Dignité du peuple – dont le titre sonne plus juste en version originale, La Dignidad de los nadies, la dignité des “petits riensî dirait l’écrivaine indienne Arundhati Roy –, on découvre des villages dont les habitants sont si pauvres qu’ils ne jettent rien, où des cantines collectives nourrissent des dizaines de personnes avec un peu de polenta, de riz et d’oignons ; et les ventes de médicaments au marché noir pour pallier l’impécuniosité des hôpitaux incapables d’acheter les produits nécessaires au traitement de leurs patients.

Le clou du film, c’est sa partie consacrée à l’incroyable mouvement d’agricultrices qui perturbent les ventes aux enchères des fermes hypothéquées : avec leurs fichus et leurs voix aigrelettes, elles ont inventé un style de désobéissance civile impressionnant d’humour et de ténacité."