03 JUIN 2017

Les Inrockuptibles - Jean-Baptiste Morain: Saltimbank

" ... plusieurs petites histoires qui n'en sont pas vraiment, des embryons d'histoires qui se maraboutdeficellent et permettent surtout de mettre en scène moins des personnages que des acteurs (et quels acteurs !), des jeux de mots, des phrases de tous les jours (...) Saltimbank, film gai et dépressif, pastel comme les couleurs de son générique, décrit avec humour et une angoisse maintenue légère par la volonté du metteur en scène ­ qui s'applique à éviter de nous vendre quoi que ce soit ­ un monde incertain, précaire, labile, où les gens font et disent un peu n'importe quoi, ergotent sur des détails, font des promesses sans jamais les tenir, n'ont aucun engagement définitif (qu'il soit financier, moral, affectif). Chez Biette, les gens passent une partie de leur vie à ne pas penser à ce qu'ils disent, une deuxième à dire ce qu'ils ne pensent pas, la troisième à ne pas dire ce qu'ils pensent, et toute leur vie à oublier ce qu'ils viennent de dire. L'identité sociale, familiale, psychologique des individus est trouble, ils sont seuls, ne s'écoutent pas même quand ils communiquent. (...) Quelle est cette société de réseaux et d'argent où tout le monde pourrait soi-disant exercer n'importe quel métier, au pied levé ? Est-ce une plaisanterie ou tout bêtement notre monde ? Comment être acteur et pas seulement comédien de sa vie ? Tout cela sur un mode anodin, qui pourrait tromper le spectateur habitué aux effets de cinéma, à une montée de la tension dramatique qui n'adviendra jamais dans Saltimbank, parce qu'"il ne se passe rien, que tout arrive, mais c'est indifférent", comme disait Nietzsche, parce que les événements ont rarement des conséquences... Biette ne surligne ni ne souligne rien, ne cherche jamais à éblouir, à conclure, mais à refléter le monde qui l'entoure au moment où il le filme."

" ... plusieurs petites histoires qui n'en sont pas vraiment, des embryons d'histoires qui se maraboutdeficellent et permettent surtout de mettre en scène moins des personnages que des acteurs (et quels acteurs !), des jeux de mots, des phrases de tous les jours (...) Saltimbank, film gai et dépressif, pastel comme les couleurs de son générique, décrit avec humour et une angoisse maintenue légère par la volonté du metteur en scène ­ qui s'applique à éviter de nous vendre quoi que ce soit ­ un monde incertain, précaire, labile, où les gens font et disent un peu n'importe quoi, ergotent sur des détails, font des promesses sans jamais les tenir, n'ont aucun engagement définitif (qu'il soit financier, moral, affectif).

Chez Biette, les gens passent une partie de leur vie à ne pas penser à ce qu'ils disent, une deuxième à dire ce qu'ils ne pensent pas, la troisième à ne pas dire ce qu'ils pensent, et toute leur vie à oublier ce qu'ils viennent de dire. L'identité sociale, familiale, psychologique des individus est trouble, ils sont seuls, ne s'écoutent pas même quand ils communiquent. (...)

Quelle est cette société de réseaux et d'argent où tout le monde pourrait soi-disant exercer n'importe quel métier, au pied levé ? Est-ce une plaisanterie ou tout bêtement notre monde ? Comment être acteur et pas seulement comédien de sa vie ?

Tout cela sur un mode anodin, qui pourrait tromper le spectateur habitué aux effets de cinéma, à une montée de la tension dramatique qui n'adviendra jamais dans Saltimbank, parce qu'"il ne se passe rien, que tout arrive, mais c'est indifférent", comme disait Nietzsche, parce que les événements ont rarement des conséquences... Biette ne surligne ni ne souligne rien, ne cherche jamais à éblouir, à conclure, mais à refléter le monde qui l'entoure au moment où il le filme."