03 JUIN 2017

Les Inrockuptibles - Leo Soesanto: Le Temps de la kermesse est terminé

"Dans son premier grand rôle, Stéphane Guillon ne choisit pas vraiment. Alex, son personnage en rade avec sa voiture dans le désert africain, n’est pas très éloigné du médiatique sniper comique : dans le village où il est coincé, il perturbe matin et soir, à coups de vannes paternalistes, les habitants incapables de l’aider. C’est sa qualité, celle du persifleur pro — écouter sa diction rouée et gouailleuse quand il se moque du villageois baptisé “le banni”. Mais aussi sa limite, celle de regarder Guillon en Afrique comme on voit Tintin au Congo. Une marque trop identifiable.(...) la bonne idée du film est de faire peser sur Alex le “fardeau de l’homme blanc” postcolonial et de nouer sa trajectoire avec d’autres, celle d’un immigré envoyé en France pour aider le village à survivre ainsi que celle d’une candidate désespérée au départ (Aïssa Maïga). Un nœud inextricable. Le film (...)i frappe surtout par sa noirceur, sa manière très peu policée de retourner le fameux discours de Sarkozy à Dakar en 2007. “Jamais l’homme (africain) ne s’élance vers l’avenir. Jamais il ne lui vient à l’idée de sortir de la répétition pour s’inventer un destin.” Méthode : l’image quotidienne, sisyphienne, de la voiture en panne d’Alex poussée par des villageois pour qu’elle redémarre. La couverture voyante mais terriblement efficace d’un catalogue complet des problèmes africains (bonne conscience, poids des militaires, corruption, tirailleurs à la pension famélique). On le referme en se sentant aussi impuissant que les pousseurs d’auto. Un bon signe."

"Dans son premier grand rôle, Stéphane Guillon ne choisit pas vraiment. Alex, son personnage en rade avec sa voiture dans le désert africain, n’est pas très éloigné du médiatique sniper comique : dans le village où il est coincé, il perturbe matin et soir, à coups de vannes paternalistes, les habitants incapables de l’aider.

C’est sa qualité, celle du persifleur pro — écouter sa diction rouée et gouailleuse quand il se moque du villageois baptisé “le banni”. Mais aussi sa limite, celle de regarder Guillon en Afrique comme on voit Tintin au Congo. Une marque trop identifiable.(...) la bonne idée du film est de faire peser sur Alex le “fardeau de l’homme blanc” postcolonial et de nouer sa trajectoire avec d’autres, celle d’un immigré envoyé en France pour aider le village à survivre ainsi que celle d’une candidate désespérée au départ (Aïssa Maïga). Un nœud inextricable.

Le film (...)i frappe surtout par sa noirceur, sa manière très peu policée de retourner le fameux discours de Sarkozy à Dakar en 2007. “Jamais l’homme (africain) ne s’élance vers l’avenir. Jamais il ne lui vient à l’idée de sortir de la répétition pour s’inventer un destin.” Méthode : l’image quotidienne, sisyphienne, de la voiture en panne d’Alex poussée par des villageois pour qu’elle redémarre. La couverture voyante mais terriblement efficace d’un catalogue complet des problèmes africains (bonne conscience, poids des militaires, corruption, tirailleurs à la pension famélique). On le referme en se sentant aussi impuissant que les pousseurs d’auto. Un bon signe."