03 JUIN 2017

Les Inrockuptibles - Léo Soesanto: Rendez-vous à Kiruna

" Ernest, architecte ronchon workaholic, prend la route pour le pays d’Ikea et de Peter von Poehl pour y reconnaître le cadavre d’un fils qu’il n’a jamais connu. Au fil du voyage, il va s’ouvrir, se dégeler. Comme pour tout bon road-movie, le surplace et les détours sont indispensables, au gré de rencontres avec un jeune auto-stoppeur, des motards, un commissaire de police. Autant de miroirs mis sous son nez pour le diffracter, saisir le portrait de messieurs déboussolés, gauches avec le monde entier, tous doubles d’Ernest. Mais il y a chez Novion une tendresse évidente et communicative pour ces spécimens entre deux âges qui, à part le jeune homme, ne sont pas forcément des gravures de mode. Tout culmine dans une visite poignante chez un fermier (impressionnant Tord Peterson, vétéran des planches, souvent dirigé par Bergman), presque un autre film dans le film – tous les regrets du monde semblent enfouis dans ses rides et l’aquavit. Des silences, des regards longs de types perdus, un Darroussin adroit qui passe joliment sa rédemption au filtre d’une résignation apaisée quant à ses occasions ratées : le film a tout du crépuscule mais se passe en plein jour. Ce charmant Rendez-vous à Kiruna se déroule sous un soleil de minuit bienveillant. On attend de voir si Anna Novion sera tentée par la nuit polaire dans ses prochains films."

" Ernest, architecte ronchon workaholic, prend la route pour le pays d’Ikea et de Peter von Poehl pour y reconnaître le cadavre d’un fils qu’il n’a jamais connu. Au fil du voyage, il va s’ouvrir, se dégeler.

Comme pour tout bon road-movie, le surplace et les détours sont indispensables, au gré de rencontres avec un jeune auto-stoppeur, des motards, un commissaire de police. Autant de miroirs mis sous son nez pour le diffracter, saisir le portrait de messieurs déboussolés, gauches avec le monde entier, tous doubles d’Ernest.

Mais il y a chez Novion une tendresse évidente et communicative pour ces spécimens entre deux âges qui, à part le jeune homme, ne sont pas forcément des gravures de mode. Tout culmine dans une visite poignante chez un fermier (impressionnant Tord Peterson, vétéran des planches, souvent dirigé par Bergman), presque un autre film dans le film – tous les regrets du monde semblent enfouis dans ses rides et l’aquavit.

Des silences, des regards longs de types perdus, un Darroussin adroit qui passe joliment sa rédemption au filtre d’une résignation apaisée quant à ses occasions ratées : le film a tout du crépuscule mais se passe en plein jour.

Ce charmant Rendez-vous à Kiruna se déroule sous un soleil de minuit bienveillant. On attend de voir si Anna Novion sera tentée par la nuit polaire dans ses prochains films."