03 JUIN 2017

Les Inrockuptibles - Romain Blondeau: The Immigrant

"The Immigrant, malgré ses allures d’épopée en costumes, malgré tout son symbolisme religieux, ne vise et n’atteint jamais la grandiloquence ; il lui préfère le murmure délicat d’une tragédie austère mais pas moins déchirante. Même dans sa reconstitution historique, il fait le choix de la sobriété : les années 20, où s’ancre le récit, sont figurées dans un dépouillement extrême par des images d’un New York en lambeaux, grouillant et boueux, à peine entré dans sa période moderne. (...) A partir de cette grande fresque tragique, empreinte de religiosité (Marion Cotillard y est filmée en mère de douleur constamment entourée d’un halo de lumière), James Gray déploie un mélodrame minéral, d’une simplicité absolue, tant dans sa mise en scène au classicisme racé, saisie dans l’envoûtante photographie mordorée du chef opérateur Darius Khondji, que dans sa direction d’acteurs ou la conduite de ses émotions. Il y a quelque chose d’à la fois très doux et tourmenté dans ce récit de rédemption qui se cristallise autour du rapport ambigu noué entre Ewa la pute et Bruno le maquereau, deux figures naïves du bien et du mal qui se rencontrent, se heurtent et se pardonnent. Jusqu’à quel point l’innocence peut-elle résister à la corruption des hommes au cœur de poison, à leur désir de pouvoir ? Doit-on sacrifier ses premiers idéaux pour survivre ? Ce sont les questions, infiniment contemporaines, qui hantent le film jusqu’à son terme. (...) Et nous laisse terrassé par la majesté si tranquille d’un cinéaste au sommet."

"The Immigrant, malgré ses allures d’épopée en costumes, malgré tout son symbolisme religieux, ne vise et n’atteint jamais la grandiloquence ; il lui préfère le murmure délicat d’une tragédie austère mais pas moins déchirante. Même dans sa reconstitution historique, il fait le choix de la sobriété : les années 20, où s’ancre le récit, sont figurées dans un dépouillement extrême par des images d’un New York en lambeaux, grouillant et boueux, à peine entré dans sa période moderne. (...)

A partir de cette grande fresque tragique, empreinte de religiosité (Marion Cotillard y est filmée en mère de douleur constamment entourée d’un halo de lumière), James Gray déploie un mélodrame minéral, d’une simplicité absolue, tant dans sa mise en scène au classicisme racé, saisie dans l’envoûtante photographie mordorée du chef opérateur Darius Khondji, que dans sa direction d’acteurs ou la conduite de ses émotions. Il y a quelque chose d’à la fois très doux et tourmenté dans ce récit de rédemption qui se cristallise autour du rapport ambigu noué entre Ewa la pute et Bruno le maquereau, deux figures naïves du bien et du mal qui se rencontrent, se heurtent et se pardonnent.

Jusqu’à quel point l’innocence peut-elle résister à la corruption des hommes au cœur de poison, à leur désir de pouvoir ? Doit-on sacrifier ses premiers idéaux pour survivre ? Ce sont les questions, infiniment contemporaines, qui hantent le film jusqu’à son terme. (...) Et nous laisse terrassé par la majesté si tranquille d’un cinéaste au sommet."