03 JUIN 2017

Les Inrockuptibles - Romain Blondeau: Tristesse Club

" C’est par les marges que se réinventera la comédie française. Depuis quelques années apparaissent en effet dans le circuit indé de jeunes auteurs issus d’horizons divers, pour la plupart formés aux courts et moyens métrages, qui s’accommodent de productions low-cost mais compensent par leurs idées et leur audace.(...) Dans cette génération, Vincent Mariette fait à la fois figure de complice et de dissident, tant le territoire qu’il occupe depuis ses courts métrages (dont le tordant Les Lézards) semble irréductible à un quelconque effet de mode. S’il partage avec ses contemporains une même énergie de la débrouille, il se distingue néanmoins dès son premier long, au titre joliment pop, Tristesse Club, par son intention de bâtir des ponts inédits entre humour populaire et indé. Une volonté qu’illustre ici la composition étonnante de son casting, réunissant deux noms a priori antagonistes : d’un côté, Laurent Lafitte, la nouvelle star de la comédie mainstream ; de l’autre, Vincent Macaigne, figure clé du jeune cinéma d’auteur français. Cette opposition de style et de sensibilité, Tristesse Club en fait son (puissant) moteur comique et sujet : soit le choc explosif entre deux frères ennemis (Lafitte en séducteur ringard ; Macaigne en grand timide), obligés de s’associer pour retrouver la trace de leur père mystérieusement disparu. Lorgnant du côté de la comédie seventies, Vincent Mariette exploite ainsi ce dispositif de buddy-movie pour broder une série de scènes fantaisistes et gracieuses, à la croisée de la poésie burlesque de Pierre Richard et de la verve de Bertrand Blier. Le geste pourrait être banalement nostalgique ou référentiel, sauf qu’il trouve ici un bel écho contemporain : avec ses personnages d’adulescents inadaptés au monde, son rythme un peu flottant, affranchi de la culture du gag, et son humeur mélancomique, Tristesse Club s’apparente aux premières comédies inquiètes de Wes Anderson."

" C’est par les marges que se réinventera la comédie française. Depuis quelques années apparaissent en effet dans le circuit indé de jeunes auteurs issus d’horizons divers, pour la plupart formés aux courts et moyens métrages, qui s’accommodent de productions low-cost mais compensent par leurs idées et leur audace.(...)

Dans cette génération, Vincent Mariette fait à la fois figure de complice et de dissident, tant le territoire qu’il occupe depuis ses courts métrages (dont le tordant Les Lézards) semble irréductible à un quelconque effet de mode. S’il partage avec ses contemporains une même énergie de la débrouille, il se distingue néanmoins dès son premier long, au titre joliment pop, Tristesse Club, par son intention de bâtir des ponts inédits entre humour populaire et indé.

Une volonté qu’illustre ici la composition étonnante de son casting, réunissant deux noms a priori antagonistes : d’un côté, Laurent Lafitte, la nouvelle star de la comédie mainstream ; de l’autre, Vincent Macaigne, figure clé du jeune cinéma d’auteur français. Cette opposition de style et de sensibilité, Tristesse Club en fait son (puissant) moteur comique et sujet : soit le choc explosif entre deux frères ennemis (Lafitte en séducteur ringard ; Macaigne en grand timide), obligés de s’associer pour retrouver la trace de leur père mystérieusement disparu.

Lorgnant du côté de la comédie seventies, Vincent Mariette exploite ainsi ce dispositif de buddy-movie pour broder une série de scènes fantaisistes et gracieuses, à la croisée de la poésie burlesque de Pierre Richard et de la verve de Bertrand Blier. Le geste pourrait être banalement nostalgique ou référentiel, sauf qu’il trouve ici un bel écho contemporain : avec ses personnages d’adulescents inadaptés au monde, son rythme un peu flottant, affranchi de la culture du gag, et son humeur mélancomique, Tristesse Club s’apparente aux premières comédies inquiètes de Wes Anderson."