03 JUIN 2017

Les Inrockuptibles - Serge Kaganski: Une vieille maîtresse

" Robe rouge (la passion charnelle) contre robe blanche (la pureté du cœur), devinez qui gagne ? De ce point de vue, Breillat est à contre-courant d’une Pascale Ferran et Une vieille maîtresse pourrait être vu comme un anti-Lady Chatterley. S’il n’y a, dans ces thèmes, rien de neuf chez Breillat (qui appartient à la catégorie des cinéastes qui font toujours “le même film”), l’originalité d’Une vieille maîtresse, en regard du reste de sa filmo, tient dans la langue et les manières XIXe siècle qui mettent à distance l’usuelle charge sexuelle et politique de la cinéaste – ou du moins qui la rendent plus subtile. La littérature et la reconstitution d’époque agissent comme une sorte de filtre qui atténue la crudité frontale coutumière de Breillat. La vraie force du film réside aussi dans un génie du casting assez unique en son genre. Asia Argento en vamp latine et Roxane Mesquida en jeune fille fragile sont comme on s’y attendait parfaitement idoines. A côté d’elles, Breillat a déniché un prince d’une beauté féminine assez renversante, Fu’ad Ait Aattou (mais peut-être un peu jeune pour son personnage d’amant déjà trentenaire ayant vécu), fait défiler toutes ses actrices principales précédentes (Lio, Caroline Ducey, Anne Parillaud… c’est tout un gynécée breillatien qui passe en arrière-plan), va chercher le toujours génial Michael Lonsdale et ose caster Yolande Moreau dans un total contre-emploi, ou la journaliste Claude Sarraute, qui n’avait qu’une pièce de Ruquier dans son CV d’actrice. Tout ce beau monde est excellent et contribue à faire d’Une vieille maîtresse un beau film de la parole."

" Robe rouge (la passion charnelle) contre robe blanche (la pureté du cœur), devinez qui gagne ? De ce point de vue, Breillat est à contre-courant d’une Pascale Ferran et Une vieille maîtresse pourrait être vu comme un anti-Lady Chatterley. S’il n’y a, dans ces thèmes, rien de neuf chez Breillat (qui appartient à la catégorie des cinéastes qui font toujours “le même film”), l’originalité d’Une vieille maîtresse, en regard du reste de sa filmo, tient dans la langue et les manières XIXe siècle qui mettent à distance l’usuelle charge sexuelle et politique de la cinéaste – ou du moins qui la rendent plus subtile.

La littérature et la reconstitution d’époque agissent comme une sorte de filtre qui atténue la crudité frontale coutumière de Breillat. La vraie force du film réside aussi dans un génie du casting assez unique en son genre. Asia Argento en vamp latine et Roxane Mesquida en jeune fille fragile sont comme on s’y attendait parfaitement idoines. A côté d’elles, Breillat a déniché un prince d’une beauté féminine assez renversante, Fu’ad Ait Aattou (mais peut-être un peu jeune pour son personnage d’amant déjà trentenaire ayant vécu), fait défiler toutes ses actrices principales précédentes (Lio, Caroline Ducey, Anne Parillaud… c’est tout un gynécée breillatien qui passe en arrière-plan), va chercher le toujours génial Michael Lonsdale et ose caster Yolande Moreau dans un total contre-emploi, ou la journaliste Claude Sarraute, qui n’avait qu’une pièce de Ruquier dans son CV d’actrice. Tout ce beau monde est excellent et contribue à faire d’Une vieille maîtresse un beau film de la parole."