03 JUIN 2017

Les Inrockuptibles - Sophie Bonnet: Les Solitaires

" Avec trois fois rien, une caméra vidéo, quatre murs, il incarne l'invisible, force nos intérieurs et nous place dans un entre-deux où l'on ne cesse de traverser les seuils, vers les ténèbres ou la lumière. Il dénude les corps,les additionne, les entremêle fiévreusement, en fait des totems-repoussoirs. Vite, se toucher, se recouvrir de mains, se caler dans l'autre. Les corps-frères à cru tentent de retrouver le mirage de l'originel pour revenir au tout début, là où c'était encore possible, où cela se jouait vers l'avant. Tous semblent se dire "Nos malheurs d'enfant n'étaient rien à côté de nos peurs d'adultes..." (...) Chaque nuit, il s'enroule dans le cadavre encore chaud de sa femme qui vient le visiter, il plonge dans sa poitrine comme on forcerait une terre fraîchement retournée pour y imprimer son empreinte (...) ce cauchemar est une dentelle noire qui lui colle à la peau, contamine ses journées, polit sa terreur en douceur. La nuit est partout, sanglée de peurs passées et à venir, et comme eux nous continuons à vivre, parfois si bien, parfois si peu."

" Avec trois fois rien, une caméra vidéo, quatre murs, il incarne l'invisible, force nos intérieurs et nous place dans un entre-deux où l'on ne cesse de traverser les seuils, vers les ténèbres ou la lumière.
Il dénude les corps,les additionne, les entremêle fiévreusement, en fait des totems-repoussoirs.
Vite, se toucher, se recouvrir de mains, se caler dans l'autre. Les corps-frères à cru tentent de retrouver le mirage de l'originel pour revenir au tout début, là où c'était encore possible, où cela se jouait vers l'avant. Tous semblent se dire "Nos malheurs d'enfant n'étaient rien à côté de nos peurs d'adultes..." (...)

Chaque nuit, il s'enroule dans le cadavre encore chaud de sa femme qui vient le visiter, il plonge dans sa poitrine comme on forcerait une terre fraîchement retournée pour y imprimer son empreinte (...) ce cauchemar est une dentelle noire qui lui colle à la peau, contamine ses journées, polit sa terreur en douceur. La nuit est partout, sanglée de peurs passées et à venir, et comme eux nous continuons à vivre, parfois si bien, parfois si peu."