03 JUIN 2017

Libération - Bayon: Des poupées et des anges

"Des Poupées et des anges est un bel essai sur la condition féminine en milieu arabe immigré. Pas très fini et riche de cet inachèvement laissant la question en souffrance, ouverte. Ce petit film vivace se présente bien d'abord de par sa distribution, confondue à son objet : un huis clos domestique à trois femmes et quelque, en ronde folle, où l'homme joue l'empêcheur de tourner en rond. L'homme, c'est Samy Naceri. Souverain en pater familias méchamment largué, marqué (...), beau comme un dieu biblique brisé, c'est le roi nu du drame (...) La fille qu'on préfère, qui fait le film à elle seule, telle la révélation de la Graine et le Mulet, c'est celle-là, que le père ne «préfère» pas, la cadette. Leïla Bekhti à la ville, ni pute comme sa «poupée» de soeur de 18 ans, ni soumise comme la mère punching-ball (...) La mère, enfin, a sa propre beauté ; bugnée, mater dolorosa obscurantiste comme son mari buté, au fond, elle a tout ce qu'elle mérite avec sa tête au carré, couvrant coûte que coûte les exactions du père comme si de rien n'était, refusant de s'en séparer. Le salut revient ainsi à la gente Lya, grâce aux mots. Lya seule lit, et écrit - écrira, quand elle en aura fini de brasser les grands mots de la névrose familiale, sur le toit du HLM, dans son journal de monologue intérieur déclamatoire, comme on graffe ou rappe, jeunesse absurde oblige. Le script féminin de ce film de femme à femmes sort de là. Rythmée par trois lectures en voix off, c'est l'adaptation, par Nora Hamdi qui gagne à être connue et vue, de son propre roman Des poupées et des anges. Il y a une quatrième fée dans la maison de poupées : Inès, sept ans. En happy end archi-risqué."

"Des Poupées et des anges est un bel essai sur la condition féminine en milieu arabe immigré. Pas très fini et riche de cet inachèvement laissant la question en souffrance, ouverte.

Ce petit film vivace se présente bien d'abord de par sa distribution, confondue à son objet : un huis clos domestique à trois femmes et quelque, en ronde folle, où l'homme joue l'empêcheur de tourner en rond. L'homme, c'est Samy Naceri. Souverain en pater familias méchamment largué, marqué (...), beau comme un dieu biblique brisé, c'est le roi nu du drame (...)

La fille qu'on préfère, qui fait le film à elle seule, telle la révélation de la Graine et le Mulet, c'est celle-là, que le père ne «préfère» pas, la cadette. Leïla Bekhti à la ville, ni pute comme sa «poupée» de soeur de 18 ans, ni soumise comme la mère punching-ball (...) La mère, enfin, a sa propre beauté ; bugnée, mater dolorosa obscurantiste comme son mari buté, au fond, elle a tout ce qu'elle mérite avec sa tête au carré, couvrant coûte que coûte les exactions du père comme si de rien n'était, refusant de s'en séparer.

Le salut revient ainsi à la gente Lya, grâce aux mots. Lya seule lit, et écrit - écrira, quand elle en aura fini de brasser les grands mots de la névrose familiale, sur le toit du HLM, dans son journal de monologue intérieur déclamatoire, comme on graffe ou rappe, jeunesse absurde oblige.

Le script féminin de ce film de femme à femmes sort de là. Rythmée par trois lectures en voix off, c'est l'adaptation, par Nora Hamdi qui gagne à être connue et vue, de son propre roman Des poupées et des anges. Il y a une quatrième fée dans la maison de poupées : Inès, sept ans. En happy end archi-risqué."