05 DÉCEMBRE 2018

Libération - Marius Chapuis: The Guilty

"Gustav Möller n’invente rien (de Douze Hommes en colère à Buried, les huis-clos à concept sont légions) mais sa façon de créer de l’espace avec du son est délicieuse. Qu’une sonnerie dans le vide se prolonge trop longtemps, et l’air se raréfie. Le monde semble éteint, presque en deux dimensions. Que quelqu’un réponde, et c’est comme si une porte s’ouvrait : un monde surgit, dont les volumes sont dessinés par l’intensité de la pluie, les craquements d’un parquet ou le frottement des roues sur l’asphalte. Désespérément seul à l’écran, le policier semble s’investir de façon démesurée, cherchant à combler un manque. Les vrais enquêteurs le poussent à rentrer chez lui, lui rappellent son statut de sous-flic chargé du téléphone. Ses collègues ont d’autres chats à fouetter ou un sandwich à finir et restent impassiblement flous. Plus qu’un gimmick, cette mise en scène par suppression du mouvement finit surtout par construire un joli polar de l’impuissance."

"Gustav Möller n’invente rien (de Douze Hommes en colère à Buried, les huis-clos à concept sont légions) mais sa façon de créer de l’espace avec du son est délicieuse. Qu’une sonnerie dans le vide se prolonge trop longtemps, et l’air se raréfie. Le monde semble éteint, presque en deux dimensions. Que quelqu’un réponde, et c’est comme si une porte s’ouvrait : un monde surgit, dont les volumes sont dessinés par l’intensité de la pluie, les craquements d’un parquet ou le frottement des roues sur l’asphalte.

Désespérément seul à l’écran, le policier semble s’investir de façon démesurée, cherchant à combler un manque. Les vrais enquêteurs le poussent à rentrer chez lui, lui rappellent son statut de sous-flic chargé du téléphone. Ses collègues ont d’autres chats à fouetter ou un sandwich à finir et restent impassiblement flous. Plus qu’un gimmick, cette mise en scène par suppression du mouvement finit surtout par construire un joli polar de l’impuissance."