03 JUIN 2017

Libération - Olivier Séguret: Une vieille maîtresse

" ... ce film est incontestablement celui d'une nouvelle maturité pour la cinéaste d' Une vraie jeune fille et de Romance : le changement de registre, de style et de regard est complet, radical et, du point de vue de la trajectoire de l'artiste, révolutionnaire (...) Mieux qu'une adaptation du chef-d'oeuvre de Jules Barbey d'Aurevilly, Breillat en propose une lecture, le film se réclamant autant de la littérature (orfèvrerie des dialogues, ciselés mais jamais pédants) qu'il y échappe (appropriation manifeste de l'héroïne-titre, la Vallini, amazone dietrichienne indatable aux décolletés délicieusement anachroniques). (...) Dans ce XIXe siècle où l'on regrette déjà les moeurs du XVIIIe, le couple illégitime que forment Ryno et la Vallini ressemble davantage à une indésoudable liaison d'amis que d'amants. Certes, dès qu'ils se font face, les corps exultent et la part charnelle de leur relation n'est pas la moindre, qui décolle même parfois jusqu'au pur vampirisme comme l'atteste l'irrépressible soif de la Vellini dès que coule le sang de Ryno. Mais c'est un coup de foudre d'amitié qui les lie, gémellaire et narcissique comme le sont toutes les amitiés quand elles sont grandes, particulièrement à une époque où la grande amitié entre un homme et une femme ne se concevait pas. A cet égard, le couple d'acteurs élu par la cinéaste est remarquable : la ressemblance entre Asia Argento et Fu'ad Aït Aattou n'est pas que troublante, elle est d'une efficacité performative exemplaire. Dans le reste d'un casting à peu près sans faille, signalons aussi l'impayable partition de Yolande Moreau et Michael Lonsdale en intrigants dont les intrigues échouent à briser la scandaleuse union. "

" ... ce film est incontestablement celui d'une nouvelle maturité pour la cinéaste d' Une vraie jeune fille et de Romance : le changement de registre, de style et de regard est complet, radical et, du point de vue de la trajectoire de l'artiste, révolutionnaire (...) Mieux qu'une adaptation du chef-d'oeuvre de Jules Barbey d'Aurevilly, Breillat en propose une lecture, le film se réclamant autant de la littérature (orfèvrerie des dialogues, ciselés mais jamais pédants) qu'il y échappe (appropriation manifeste de l'héroïne-titre, la Vallini, amazone dietrichienne indatable aux décolletés délicieusement anachroniques).

(...) Dans ce XIXe siècle où l'on regrette déjà les moeurs du XVIIIe, le couple illégitime que forment Ryno et la Vallini ressemble davantage à une indésoudable liaison d'amis que d'amants. Certes, dès qu'ils se font face, les corps exultent et la part charnelle de leur relation n'est pas la moindre, qui décolle même parfois jusqu'au pur vampirisme comme l'atteste l'irrépressible soif de la Vellini dès que coule le sang de Ryno. Mais c'est un coup de foudre d'amitié qui les lie, gémellaire et narcissique comme le sont toutes les amitiés quand elles sont grandes, particulièrement à une époque où la grande amitié entre un homme et une femme ne se concevait pas.

A cet égard, le couple d'acteurs élu par la cinéaste est remarquable : la ressemblance entre Asia Argento et Fu'ad Aït Aattou n'est pas que troublante, elle est d'une efficacité performative exemplaire. Dans le reste d'un casting à peu près sans faille, signalons aussi l'impayable partition de Yolande Moreau et Michael Lonsdale en intrigants dont les intrigues échouent à briser la scandaleuse union. "