07 JUIN 2017

Libération - Philippe Azoury: Fantômes

" ... Fantômes navigue à vue entre le mystère et sa danse, ressemble à un conte fin de siècle symboliste (Le Doux amour des hommes proposait aussi, via Jean de Tinan, un retour au romanesque), se rêve lunaire et fantômatique et déploie un projet paradoxal consistant à filmer la transparence, la disparition l'évanouissement, les "passage à vide' (pour emprunter son titre au beau livre de Patrice Rollet, publié chez P.O.L.) pour pouvoir s'approcher de ses modèles, caresser leurs chairs, leurs hanches, leurs visages, leurs fesses, exactement comme un peintre. Et si Civeyrac est godardien, il est aussi renoirien, mais Renoir père, quand n'évoque pas Degas avec ses filles au tub. En toute intelligence, ce film (pour lequel l'image de Céline Bozon fait des merveilles) qui ne dit parler que d'âmes mortes continuant de nous accompagner (tel Strindberg passant l'année 1895 au cimetière Montparnasse, la fiole à la main, à chasser les spectres comme on chasse les papillons), cache un traité sur les fluides, une sorte de solos lunaires en souvenirs d'amours enfouis, pour et par des filles et des garçons enchaînés à leurs rêves qui tenteraient de capturer quelque chose du mirage de l'amour. Les apparences sont moins trompeuses qu'amoureuses."

" ... Fantômes navigue à vue entre le mystère et sa danse, ressemble à un conte fin de siècle symboliste (Le Doux amour des hommes proposait aussi, via Jean de Tinan, un retour au romanesque), se rêve lunaire et fantômatique et déploie un projet paradoxal consistant à filmer la transparence, la disparition l'évanouissement, les "passage à vide' (pour emprunter son titre au beau livre de Patrice Rollet, publié chez P.O.L.) pour pouvoir s'approcher de ses modèles, caresser leurs chairs, leurs hanches, leurs visages, leurs fesses, exactement comme un peintre. Et si Civeyrac est godardien, il est aussi renoirien, mais Renoir père, quand n'évoque pas Degas avec ses filles au tub.

En toute intelligence, ce film (pour lequel l'image de Céline Bozon fait des merveilles) qui ne dit parler que d'âmes mortes continuant de nous accompagner (tel Strindberg passant l'année 1895 au cimetière Montparnasse, la fiole à la main, à chasser les spectres comme on chasse les papillons), cache un traité sur les fluides, une sorte de solos lunaires en souvenirs d'amours enfouis, pour et par des filles et des garçons enchaînés à leurs rêves qui tenteraient de capturer quelque chose du mirage de l'amour. Les apparences sont moins trompeuses qu'amoureuses."