28 FÉVRIER 2011

Magaly Richard-Serrano, entre combats et cinéma

Deux titres de championne de France de boxe, un bac A3 cinéma et une licence d’histoire de l’art en poche, Magaly Richard-Serrano réalise trois court-métrages entre 1993 et 2000 « Papa a Tué un Ange », « Va Voir Ici, Viens Voir Ailleurs » et « Romantique ta Mère ! ». Elle intégrera l’Atelier Scénario de la Femis en 2000, deviendra scénariste pour la télévision avant de s'atteler à l’écriture de son premier long-métrage : "Dans les cordes".

D’où est née votre envie de cinéma ?Magaly Richard-Serrano : Elle existe depuis longtemps. Je dirais que tout vient de ma mère ! Dans sa famille, il n’y avait pas un livre… Son père était boxeur, sa mère était blanchisseuse. Très jeune, elle a développé un goût pour la littérature. Elle a été obligée d’arrêter ses études à l’âge de 13 ans, mais elle a toujours eu cette avidité de lecture, de cinéma, de théâtre, de culture en général. Elle a fait de la boxe, fut l’une des premières femmes à en faire en France. Mes parents se sont rencontrés dans le club de boxe de mon grand-père car mon père – boxeur lui aussi - était son élève. Je suis née alors qu’elle n’avait que 16 ans et demi. Je ne peux pas dire que j’ai appris la boxe. Je suis née dedans. Le club était la maison de famille qu’on n’avait pas. On s’y retrouvait entre cousins, oncles et tantes. Quand j’avais 10 ans, ma mère a décidé de passer son Bac. Elle avait ce complexe d’avoir arrêté ses études trop tôt et très peur de ne pas pouvoir m’aider dans les miennes. Comme on vivait alors toutes les deux seules, j’ai beaucoup participé à ce qu’elle faisait. Dans ses études de lettres, elle suivait notamment le cours de Jean Douchet à Jussieu et parfois elle m’emmenait. Elle a donc découvert un univers étudiant dont elle rêvait depuis l’enfance. Je pense avoir suivi cet émerveillement-là. Après, mon apprentissage personnel s’est construit petit à petit.

Et vous avez aussi fait de la boxe comme votre famille ?M R-S : Oui, j’ai été deux fois championne de France de boxe française, dans mon adolescence. J’ai commencé à m’y mettre sérieusement quand j’avais 10 ou 12 ans. Ma mère avait obtenu une licence de lettres, mais ne trouvait pas de boulot. Elle a décidé de passer un Brevet d’État d’éducateur sportif. Elle est devenue prof de boxe et a repris le club de son père. Puis elle est devenue mon entraîneur. C’est d’ailleurs pas facile d’avoir son coach à la maison, surtout quand on n’est pas une boxeuse modèle, comme moi…

Et comment êtes-vous passée de la boxe à la réalisation ?M. R-S. : Parallèlement à la boxe, j’avais une passion pour l’écriture et le cinéma. Je ne me suis en fait jamais posé la question de comment on devient réalisatrice. Le cinéma me fascinait et je voulais travailler dans ce milieu. Au départ c’est aussi simple que ça. En classe de troisième, je me suis orientée vers une filière A3 cinéma. À l’époque, comme il n’y avait qu’une seule classe A3 à Paris, j’ai passé un petit concours. On était 40 à se présenter pour 16 places. Et, premier encouragement, j’ai été prise. Ce fut le moment formateur vraiment fort de ma vie. On était toute une bande de copains, on passait notre temps à écrire, à faire des court-métrages. Il y avait là un terreau extrêmement créatif. Comme je faisais toujours de la boxe, il a fallu choisir : continuer ce sport à un niveau encore plus haut, à l’INSEP (Institut National du Sport et de l’Éducation Physique), ou bifurquer vers le cinéma. Et je n’ai pas hésité longtemps : ça a été le cinéma ! Ensuite, j’ai eu mon Bac. Je m’apercevais que j’étais dans la bonne voie mais cela n’a pas empêché les périodes de doute. Puis j’ai décidé qu’il n’y avait que le travail qui comptait et qu’avec de l’acharnement je pouvais arriver à tout. J’ai suivi des études d’histoire de l’art. J’ai tenté le concours de la FEMIS en script-girl. Ils ne prenaient que 4 personnes et je suis arrivée cinquième. Mais Jean-Jacques Beineix, qui était président du jury, m’a prise en stage pendant un an dans sa société de production, comme une sorte de rattrapage, en me disant que je n’avais pas le profil d’une scripte et qu’il fallait que je fasse de la réalisation. C’était un petit encouragement supplémentaire à continuer. J’ai travaillé sur des tournages, et j’ai réalisé trois court-métrages qui m’ont permis de savoir où il fallait que je progresse. Du coup, j’ai décidé de reprendre des cours. De direction d’acteurs, notamment, car je trouvais que c’était ce qui me faisait le plus défaut. Enfin, j’ai été sélectionnée à la FEMIS pour intégrer cette fois-ci l’Atelier scénario, où j’ai posé les premières bases de Dans les cordes...