16 SEPTEMBRE 2019

Noces d'or - Entretien avec Alice Taglioni : "Un climat loufoque et touchant"

Reine de la comédie, qui s'est révélée dans un registre plus grave (L'annonce), Alice Taglioni insuffle une note de douceur et de mélancolie à son personnage de grande bourgeoise rigide dans le réjouissant Noces d'or de Nader T. Homayoun. Entretien.

Media

Qu’est-ce qui vous a plu dans le scénario de "Noces d’or" ?
Alice Taglioni : Un mélange de tons surprenant, un climat à la fois loufoque et touchant. D’un côté, l’histoire d’une famille qui se retrouve confrontée à la maladie, et de l’autre, un esprit comique à la Feydeau, un rythme et une précision qui me faisaient penser à Francis Veber. Derrière le rire affleuraient des sujets plus graves, comme la névrose familiale, le mensonge, les carcans dont on peut hériter. L'originalité du scénario consiste aussi à faire vivre aux personnages des expériences marquantes, mais avec légèreté. J’étais heureuse de travailler avec Nader T. Homayoun, dont j’avais trouvé le précédent film, "Les pieds dans le tapis" *, poétique et bien mis en scène.

 

Comment voyez-vous votre personnage ?
Dora Saint-Cast est assez différente de ce que j’ai pu jouer auparavant. C’est une femme froide, plutôt désabusée, renfermée sur elle-même, du moins au départ. Elle cherche sa place entre une mère malade, un père pesant, une sœur paumée et un frère inconséquent. Elle essaie de tenir le rôle de l’aînée comme elle l’a toujours fait, mais elle se retrouve déstabilisée dans ses repères. Elle choisit d’en prendre son parti et de vivre cette expérience comme une libération. J’ai tenu à la rendre plus douce, moins cinglante qu’elle ne l’était dans le scénario.

 

À travers sa rencontre avec Iradj, elle apprend l'altérité...
Oui, finalement ils vivent la même situation : ils s'occupent chacun d'un parent malade et cette expérience les rapproche. Ils apprennent tous les deux des vérités importantes sur eux-mêmes et sur leur histoire. Lors d'une scène très forte, Iradj raconte comment il a vécu, en tant que médecin, les manifestations de 2009 à Téhéran. Au fil de cet échange, leur relation prend une autre dimension. C’est là que réside aussi la richesse du regard de Nader T. Homayoun. Ce film, léger en apparence, raconte un pan de l’histoire de l’Iran et de son peuple.

 

*Coproduite par ARTE France, cette fiction a été multiprimée à Luchon en 2016.
Propos recueillis par Jonathan Lennuyeux-Comnène